Elie Baussart

Conscience de Wallonie

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Bulletin n° 70. Encore un coup dans l’eau ?

2 décembre, 2013 (15:35) | accueil, Actualites | By: Bernard

Le 21 novembre dernier, coup de théâtre à la Conférence Internationale sur le climat à Varsovie : l’ensemble des ONG claquent la porte la veille de la clôture. Parmi elles : Greenpeace, Oxfam solidarité, WWF, les Amis de la Terre Europe, la Confédération Internationale des syndicats, le Centre National belge de coopération au développement, le CNCD-11.11.11…

Du jamais vu !

« Cette conférence de Varsovie ne va déboucher sur rien, clament-elles en chœur. Les citoyens du monde entier ont le droit de savoir dans quelle situation désespérée se trouvent aujourd’hui ces négociations »

Le directeur de Greenpeace international, KUMI NAIDOO, ne mâche pas ses mots : « Parallèlement au recul du Japon, de l’Australie et du Canada, et le manque de volonté significative d’autres pays, les gouvernements ont craché au visage de ceux qui souffrent du changement climatique » et d’accuser la Pologne d’avoir transformé cette conférence en « exposition pour l’industrie du charbon ».

Propos très durs, on en conviendra. Mais qu’en est-il dans les faits ?

Les choses auraient pu vraiment mal finir, comme ce fut le cas à La Haye en 2000, sans le moindre petit bout d’accord. Celui conclut, un peu dans la hâte, le 23 novembre, mérite-t-il toutefois d’être retenu ?

On a posé le cadre du futur traité international de réduction des gaz à effet de serre (GES) qui doit être conclu à Paris en 2015 et prendre le relais du protocole de Kyoto en 2020. A compter de ce nouvel accord et pour rester en ligne avec l’ambition de contenir à 2 degrés d’ici à 2100 le niveau du réchauffement, tous les pays de la planète, et non plus seulement les plus développés, devront apporter leurs « contributions ».

Un mot qui laisse, il faut bien l’admettre, une très large marge d’appréciation aux Etats sur les efforts qui vont leur être demandés. L’Union européenne, décidément une fois de plus bien  seule, voulait donner à ce mot une connotation plus contraignante.   Pas seulement face aux Etats-Unis, réfractaires à ce genre de  contrainte, mais aussi face à l’Inde et surtout à la Chine, qui continue de se ranger dans la catégorie des pays en développement, encore dispensés de tout effort.

Or l’Inde et la Chine, ces deux émergents,  représentent aujourd’hui plus de la moitié des GES relâchés chaque année dans l’atmosphère. Sans eux, le prochain accord sur le climat s’il en est un, serait  inefficace.  Sans oublier que  l’Europe, avec une économie et des finances à la peine, n’a rien à offrir aux pays en développement. Dès lors, les émergents en ont profité pour réduire le niveau d’ambition espéré.

Même sur le calendrier, d’ici 2015 à Paris, l’Union européenne a subi un camouflet. Elle espérait à tout le moins des dates butoirs. Même pas. Les Etats sont seulement invités à communiquer leurs « contributions bien en avance de la Conférence de Paris ».  Bien en avance…. On croit rêver. Mais pire : « seuls ceux qui sont en mesure de le faire » ont une date à respecter : « d’ici au 1er trimestre 2015 ».  On l’aura compris : il suffira d’invoquer le manque de moyens pour les pays les plus pauvres ou, pourquoi pas, une trop grande proximité d’élections comme aux USA pour repousser sans doute sine die des mesures en rapport avec un sujet sensible, économiquement et financièrement parlant s’entend.

Les pays du Sud, qui attendaient plus de visibilité sur le versement des 100 millions de dollars d’aides annoncées en 2010 à Cancun pour faire face au changement climatique, sont restés sur leur faim. Une fois de plus.

« Tous les obstacles restent devant nous » estime Corine LEPAGE, membre de la délégation du Parlement européen.

Le travail de déminage qui devait préparer le terrain de Paris en 2015 est très largement inachevé.

Sans compter que beaucoup ont reproché à la Pologne, qui présidait la conférence, son manque de soutien à l’égard des positions de Bruxelles.

Bref, on est encore loin de trouver un consensus raisonnable à un problème qui nous touche tous, qui touche à la survie même de la planète : le réchauffement.

Elie BAUSSART avait déjà bien conscience des égoïsmes économiques engendrés par le capitalisme et l’économie de marché,  quand il écrivait, en 1945 ( !) : « Le libéralisme s’impose comme la Loi et les Prophètes d’une société aux assises économiques complètement renouvelées par l’accroissement rapide de la production. Le dieu de cette société, c’est l’Argent : il est l’étalon des valeurs ; il régente le comportement social des hommes ; il influence la pensée et les arts ; il dicte la politique des Etats-Unis. Faut-il dès lors s’étonner que la civilisation, c’est-à-dire notre manière de penser, de sentir et de vivre soit marquée du signe du matérialisme profond et universel, que dissimulent mal les prestiges de l’idéalisme et le mythe de la liberté ? »

Eh !Bien ! Non, il ne faut pas s’en étonner.

Ni que cela ne nous empêche de vous souhaiter à toutes et tous, nos meilleurs vœux pour une année 2014 où il reste encore et toujours pas mal de défis à assumer.

Bernard DE COMMER