Elie Baussart

Conscience de Wallonie

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bulletin 75 : Le confédéralisme existe, je l’ai même rencontré.

3 décembre, 2014 (19:09) | accueil | By: Bernard

L’on a assisté ces derniers temps, à grand renfort de battage médiatique, du côté de l’opposition essentiellement, à des angoisses quasi existentielles à propos de l’appellation, par exemple, d’armée tout court plutôt qu’armée nationale; c’était déjà, rappelons-le, la pratique depuis des années. Mais tout fait farine au moulin: ce fut présenté, ni plus, ni moins, comme un signe incontestable d’une volonté de la NVA de gangrener l’Etat pour le conduire vers le confédéralisme.

C’est évidemment le projet politique de ce parti, personne ne le contestera et c’est son droit le plus strict.

A propos d’un opuscule qu’il vient de publier aux Editions de l’Académie royale de Belgique – Déconstruire la Belgique, Pour lui assurer un avenir? – René HASQUIN, dont nul ne contestera l’engagement politique wallon, déclare que « la Belgique est une déconstruction permanente » et qu’ « elle ne doit pas craindre d’être déconstruite » et d’ajouter que « c’est la seule façon de lui assurer un avenir ».

Et quand un journaliste du journal LE SOIR lui demande si cette déconstruction doit aller jusqu’au confédéralisme, il répond tout de go qu’il existe déjà et que « la peur de ce mot est un positionnement politique » et d’argumenter comme suit: « Les Québécois et les Catalans n’ont pas les pouvoirs diplomatiques de nos Communautés et Régions qui ont une indépendance totale pour les matières de leur ressort. Si ce n’est pas ça le confédéralisme! »

Nous ne pouvons évidemment que le rejoindre sur ce constat et sur la nécessité d’aller toujours plus avant vers une indépendance de la Wallonie.

L’opposition – PS en tête et on se demande où sont passés les régionalistes wallons, les HAPPART, les VAN CAU et autres – l’opposition continue comme le font les partis francophones depuis des années à nier cette évidence, incontournable: la Belgique de papa est en voie d’extinction et ce qu’il en reste passera tôt ou tard à la trappe. Niant ce fait, ne s’y préparant donc pas, ou à peine, les DI RUPO, les MAGNETTE et consorts font évidemment le jeu des Flamands qui ont toujours obtenu ce qu’ils voulaient et continueront à l’obtenir comme ils l’entendent une Belgique redessinée à leur seule dimension. Et ils ont bien raison: face à eux, il n’y a guère de projet wallon.

S’il existe bel et bien une nation flamande, il n’existe pas ou si peu de nation wallonne. Et cela parce que les partis politiques wallons sous la pression des Bruxellois sans doute mais pas seulement sont, pour reprendre les mots de HASQUIN, « restés majoritairement belges par intérêt plus que par sentiment »; c’est aussi le cas du côté flamand, mais, précision essentielle apportée par HASQUIN toujours: « la majorité des Flamands veulent encore la Belgique mais sans la solidarité « , alors que, dans un état qui se veut fédéral cette solidarité est à la base même de l’état.

MAGNETTE, dans une interview, se déclarera même opposé à l’idée même d’une nation wallonne, faisant de la Wallonie une simple structure politique, un outil sans plus. Au motif que, selon lui, nation est égal à nationalisme. Court et même très court.

Elie BAUSSART écrivait voici bien longtemps déjà et n’a guère été entendu hélas: « (La Wallonie) va-t-elle, comme elle l’a fait jusqu’ici, continuer à identifier le bien commun de la Wallonie et le bien commun de la Belgique, celui-là étant toujours garanti quand celui-ci est assuré, ou, pour que ses fils aient la place et les possibilités qui leur reviennent dans la communauté nationale, va-t-elle définir et pratiquer une politique wallonne, à l’instar de la Flandre, qui poursuit, elle, une politique flamande ? Je pense que nous n’avons pas le choix »

C’est très clair. Nous n’avons pas le choix et continuer à mener vaille que vaille une politique belgicaine ne fait que nous desservir.

Dans La Terre wallonne, il écrivait: « N’ayons de parti pris contre quoi que ce soit, contre qui que ce soit. Je pense spécialement, en disant cela, à notre attitude vis-à-vis des Flamands qui, de bonne foi, comme nous d’ailleurs, cherchent à réaliser l’ensemble des conditions les plus favorables à l’épanouissement de leur peuple. Assez de querelles, de préjugés et de malentendus nous séparent pour que nous ne tentions pas un effort réciproque de compréhension et de sympathie. N’est-ce pas le chemin le plus droit pour le bien des deux peuples et du pays ?  »

Ce chemin le plus droit, Elie BAUSSART l’envisageait alors dans une approche strictement fédéraliste. Aujourd’hui, on est un pas plus loin. Mais déjà à l’époque – il y a quasi trois quarts de siècle – il avertissait:
« Le régionaliste est persuadé qu’on ne réforme pas la société par des décrets providentiels émanés d’un souverain ou d’une assemblée délibérante.
Il croit ferme comme roc que le salut de la Wallonie, pour autant que nous ayons un Etat qui nous fasse respecter de l’étranger, assure la justice pour tous et la liberté de chacun, et ne se livre pas à des folles incursions sur des terrains où il n’a que faire, prendra naissance dans la Wallonie elle-même. C’est le Wallon, la famille wallonne, l’atelier wallon, la campagne wallonne qu’il faut réformer ou relever ou réorganiser et c’est de la combinaison de ces restaurations partielles que sera fait le renouveau de notre petite patrie »

En un mot comme en cent, il importe avant tout de travailler sur les mentalités, c’est-à-dire, et les Flamands l’ont bien fait pour leur peuple et en récoltent aujourd’hui les fruits, sur l’idée même de l’appartenance wallonne.

Cela, les politiques wallons l’ont depuis belle lurette complètement oublié. Ils en récoltent aujourd’hui les pots cassés.