Elie Baussart

Conscience de Wallonie

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Bulletin n°76: Un souffle nouveau venu de Grèce

11 mars, 2015 (18:36) | accueil | By: Bernard

La question s’est de suite posée dès la victoire de SYRISA aux dernières élections législatives le 25 janvier de cette année. Elle s’est posée à droite, partisane de la ligne dure de l’austérité budgétaire, comme aux gauches européennes, les gauches traditionnelles étant, pour la plupart très peu combattives et pratiquant très largement une gestion budgétaire très libérale quand elles sont au pouvoir. Un certain DI RUPO a, rappelons-le, initié avec sa majorité de l’époque une politique d’exclusion des chômeurs que la majorité très à droite actuelle n’a plus qu’à appliquer en se revendiquant d’ailleurs de cet héritage.

 

Rappelons que, en Grèce, les salaires ont baissé de quelque 40%, le salaire minimum tombant à 480 euros ; le chômage a cru, lui, de plus de 25% et 2,5 millions de grecs vivent sous le seuil de pauvreté. 

 

L’Allemagne, au top des dures en matière d’austérité, oublie qu’elle doit toujours quelque 200 milliards de dollars à la Grèce en guise de réparations pour les dégâts infligés par les Nazis entre 1942 et 1944. Mais bon, l’Allemagne est un ténor et qui oserait la contraindre à s’acquitter de cette date ?

 

Un certain Jean-Claude JUNCKER, président de la Commission européenne et cité dans l’affaire LUXLEAKS, l’un des plus gros scandales financiers de ces dernières années, s’autorise sans vergogne à donner des leçons d’éthique financière au gouvernement grec.

 

NAOMI LEIN activiste canadienne et journaliste déclarait, au lendemain des élections grecques, que « une pression massive est plus importante aujourd’hui que jamais ». 

 

Mais quelle pression ou, plutôt, par qui ? 

 

Ne parlons que de ce qui s’est passé chez nous. Pour rappel : manifestation nationale le 6 novembre ayant rassemblé quelque 110 000 personnes à Bruxelles. Les grèves tournantes du 7 au 23 novembre, et, point d’orgue, une grève générale le 15 décembre. Mais avec des mots d’ordre centrés sur des mesures telles que le saut d’index. Nous n’avons nulle part entendu la revendication d’une autre société que cette société néolibérale qui semble nous tenir pieds et mains liés. 

 

Les syndicats auraient-ils perdu leur volonté d’une remise en cause fondamentale du capitalisme pour certains, d’une société plus égalitaire pour d’autres ? 

 

En 1938, Elie BAUSSART, que personne ne soupçonnera d’être d’extrême gauche écrivait : « Tout d’abord, l’institution syndicale est une création proprement, strictement ouvrière. Ce sont les travailleurs seuls qui ont constitué ces groupements professionnels… avec leurs multiples services de contentieux, d’assurance, d’éducation, etc., avec tous les rouages d’une vaste et délicate administration, comparable à celle d’un ministère. Un ministère du travail dirigé par les ouvriers eux-mêmes, mais qui, au lieu de suivre la législation et les mœurs, précède et prépare celle-là, exprime et, en partie, informe (au sens scolastique) celles-ci…. Il s’agit d’obtenir, par les voies légales, les réformes juridiques qui amélioreront le sort des classes laborieuses et faciliteront l’accès de leurs fils à tous les degrés de la vie sociale. Il s’agit, parallèlement, de préparer la prise du pouvoir, qui leur permettra de réaliser les réformes de structure préalables à la transformation du régime » (Essai d’initiation à la Révolution anticapitaliste, 1938)

 

« Il s’agit, parallèlement, de préparer la prise du pouvoir, qui leur permettra de réaliser les réformes de structure préalables à la transformation du régime. » Si le « parallèlement », soit l’amélioration des conditions de travail est toujours bien au cœur des combats syndicaux, la transformation du régime reste la grande oubliée dans l’affaire. 

 

Ce qui s’est passé en Grèce a-t-il une chance de réveiller quelque peu les GOBLET, SKA et autres leaders syndicaux, sans oublier quand même la gauche traditionnelle, PS en tête – dont on se souviendra qu’une certaine ONKELINX n’a pas hésité à sacrifier 6000 enseignants à la rigueur budgétaire dans les années 90 ?

 

L’avenir nous le dira.

 

Dans TOUDI (44, février/mars 2002) nous écrivions : « Après tout, l’Europe c’est nous. C’est notre affaire à tous et pas seulement à une poignée de financiers et de technocrates »

 

C’est notre affaire ! On en est loin, bien loin. Et s’il devait s’avérer que l’Europe n’est pas et ne sera jamais notre affaire, la question tabou devra être posée : l’Europe ? Stop ou encore ?

 

Et nous ajoutions, dans le même article : « La Wallonie qui a su, au fil de 150 ans de luttes sociales, de 150 ans d’intégration de travailleurs venus de tous horizons, se composer un modèle social de solidarité, doit avoir et aura son mot à dire comme Région souveraine dans l’édification d’un plus d’Europe. Et d’un mieux surtout. »

 

Puisse la Grèce avoir, elle aussi, avoir son mot à dire dans l’édification d’un plus d’Europe ; et d’un mieux surtout.

 

C’est en tout cas ce que nous lui souhaitons et nous nous souhaitons en ce début 2015.

 

 

Bernard DE COMMER.