Elie Baussart

Conscience de Wallonie

Skip to: Content | Sidebar | Footer

Bulletin n° 78 : Des anniversaires, en veux-tu en voilà !

2 septembre, 2015 (07:43) | accueil | By: Bernard

C’était il y a juste 25 ans. Le 27 septembre 1990, date éminemment symbolique puisque jour de fête de la Fédération Wallonie-Bruxelles, pouvoir de tutelle de l’enseignement francophone, les enseignants manifestent à Namur à l’appel de leurs organisations syndicales . Les choses se passent plutôt bien, au début, dans l’humour.

« Il faut revoir la loi de financement » scandent les manifestants.

Et puis, les choses tournent mal. Les forces de l’ordre ont mis le paquet : déploiement massif, barrages d’autopompes, hélicoptères et, finalement, pour que ces moyens n’aient pas été mobilisés pour rien, sans doute, charges policières. Chevaux. Matraques. Blessés.

La crise qui oppose déjà et va opposer la Fédération Wallonie-Bruxelles, alors baptisée Communauté française, aux enseignants durera 288 jours : 5 mois de grève quasi ininterrompue, 70 manifestations dont la dernière réunira quelque 100 000 personnes à Bruxelles.

Soudain, toute une société s’interroge et les enseignants en premier: comment en est-on arrivé là ?

Comment, pour reprendre l’image de M. Yvan YLIEFF, alors Ministre PS en charge de l’enseignement, comment les profs en sont-ils arrivés à « casser leur image » ? Au point de dégrader la Maison communale de Ath, fief de Guy SPITAELS, président du PS, le 14 juin, d’affronter durement la gendarmerie à Verviers et Dison, chez YLIEFF, le 14 juin, avec à la clé 4 blessés, de faire l’expérience des matraques, des autopompes et des charges de chevaux à Namur le 27 septembre, justement?

On en est arrivé là tout simplement parce qu’il n’y a plus d’image des profs. Comme l’écrivait Roland SOYEURT dans Le chagrin des profs, un best- seller d’alors :

« Le maître a perdu son pouvoir. Il n’inspire plus le respect. Le maître est comme tout le monde. Il a fait des études comme tout le monde, même souvent beaucoup moins. Et par malheur, il s’occupe de ce que tout le monde croit connaître : l’éducation des jeunes… Par conséquent, pour enseigner, il n’y a qu’à… »

L’image que les profs ont d’eux-mêmes, celle qu’ils donnent d’eux-mêmes au public et donc aux élèves (parmi lesquels un certain nombre d’enseignants potentiels), cette image a volé en éclat. Elle s’était déjà largement fissurée dès les années 80.

En 90, c’est pire encore, tant le ras-le-bol est à son comble.

Aujourd’hui, cette même image est toujours en questionnement chez eux.

Ainsi, dans une carte blanche du SOIR du 03 septembre 2012, Justine LALOT, explique-t-elle pourquoi après 6 années d’enseignement, elle quitte le métier :

« Alors oui, c’est pour marquer mon désaccord avec ces directives ministérielles qui plombent notre système éducatif et avec cette désinvolture – presque ce je m’en-foutisme – face à l’implication des

jeunes profs que je quitte l’enseignement. Non pas parce que je n’aime pas enseigner. Au contraire, je reste convaincue que s’il peut être exercé librement et en toute sérénité, l’enseignement est le plus beau métier du monde. Mais bien parce que depuis six ans, je n’ai aucune stabilité d’emploi, aucune perspective d’avenir, ni aucune reconnaissance de mes « supérieurs », quand j’en reçois pourtant tant de mes élèves. C’est ça le paradoxe de l’enseignant : donner, sans jamais rien recevoir en retour (je ne parle pas ici des élèves, encore une fois). Ou accepter d’être pressé comme un citron, puis d’être jeté dès qu’on a rendu tout son jus (notez la magnifique figure de style poétique ! – Eh oui, c’est une métaphore). »

Si Mme MILQUET assure que l’enseignement ne sera pas touché par les mesures d’économie (d’austérité) consécutives aux 130 millions à trouver au budget 2016, M. FLAHAUX, qui tient les cordons de la bourse en Fédération Wallonie-Bruxelles, affirme quant à lui qu’aucun département ne sera épargné et d’ajouter à l’adresse de

sa collègue de gouvernement : « Vous savez, j’ai dû gérer à la Chambre 149 égo plus le mien. Donc, j’en ai vu d’autres. »

Voilà qui nous promet de belles joutes à très court terme…

Un autre anniversaire et qui nous touche de plus près encore : il y a 50 ans disparaissait Elie BAUSSART. Le 16 janvier 1988, un vibrant hommage lui était rendu. Ainsi, par exemple, par M. Emile HENRY, bourgmestre faisant fonction, en ces termes : « Manifestement, d’après ses écrits, il me paraît avoir été un homme authentique, c’est-à-dire bon, fraternel, solidaire de ceux qui se veulent droits, mais féroce pour les tricheurs, pour ceux qui abusent de leur pouvoir et pour ceux qui abdiquent leur intelligence…. Il est heureux que la Fondation, qui vient de voir le jour à Charleroi, à l’initiative de nombreux amis d’Elie BAUSSART, se donne pour tâche de poursuivre ce même type de démarche, dans une perspective pluraliste et ouverte comme fut Elie BAUSSART, homme de tous les dialogues ».

Il importera durant cette année que nous nous interrogions encore et toujours sur la manière la plus adéquate aujourd’hui de poursuivre la démarche initiée par Elie BAUSSART.

L’ASBL est sans doute à un tournant de son existence : la plupart des fondateurs ne sont plus là ; l’équipe actuelle est vieillissante. Comment la renouveler et pour faire quoi demain ?

Des réponses que nous – membres – apporterons dépendra la continuation de la pensée d’Elie BAUSSART, qui nous parle aujourd’hui encore, et plus que jamais.

Bernard DE COMMER.