Elie Baussart

Conscience de Wallonie

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Bulletin n° 81 : Echec et mat de la gauche sociale démocrate

21 février, 2016 (08:16) | accueil | By: Bernard

Les chiffres sont là ; prenons ceux des dernières élections européennes.

En Grande-Bretagne, avec 15,3% des suffrages, le Parti travailliste enregistre son plus mauvais score depuis 1918. En Allemagne, avec seulement 20,8% des voix le SPD est lourdement pénalisé par les électeurs.

Et dans les Pays nordiques, ce n’est guère plus brillant et depuis plus longtemps encore : victoire de la droite au Danemark en 2001, puis en Finlande et en Suède en 2006.Au Pays-Bas, là encore, le parti social-démocrate du travail (PVDA) tombe à son niveau historiquement le plus bas avec 15%.

La gauche social-démocrate n’apparaît plus comme une alternative en pleine crise du système capitaliste mondial. « Non seulement (elle) n’a pas tiré un profit mécanique de l’effondrement du communisme soviétique, mais le compromis social-démocrate a été emporté par le raz-de-marée néolibéral de la mondialisation que globalement elle a assumé et promu. Il s’en est suivi une désaffection des couches populaires, mais aussi une montée d’inquiétude dans les « couches moyenne rapporte Daniel CIRERA.

Brouillage de l’appartenance de classe, brouillage du clivage droite/gauche : la gauche qui s’était constituée à partir de la critique marxiste du capitalisme, et qui était porteuse d’un projet de société, le socialisme, et qui durant longtemps a largement représenté les ouvriers et le peuple, est aujourd’hui tout à la fois totalement déconnectée des couches populaires, et n’a plus de projet alternatif à proposer sauf, comme le fit en son temps DI RUPO : sans nous ce serait pire.

Et CIRERA d’ajouter : « Dés lors, les forces politiques et sociales, communistes et sous d’autres formes selon les pays, doivent répondre à l’interpellation sur les conditions politiques d’un tel changement et de telles ruptures à partir du mouvement réel qui travaille la société. (…) L’expérience et les réalités contemporaines révèlent les limites d’une conception ancrée dans le système institutionnel et dans le mouvement ouvrier, dans la gauche, qui conçoit l’intervention politique populaire, fut-elle participative, en soutien aux forces politiques, aux partis. (…) En fait, il s’agit de repenser les conditions (…) de cette transformation : non pas à partir d’un projet pré-établi aussi parfait soit-il et qui devrait entraîner l’adhésion du peuple, mais à partir des contradictions de la réalité et sans préjuger du rythme que le mouvement populaire (…) imposera ».( Social-Démocratie : échec et fin d’un cycle est publié dans le cadre des Notes de la Fondation Gabriel Péri – Novembre 2009)

Repenser les conditions de cette transformation.

Elie BAUSSART s’est toujours montré méfiant par rapport au système parlementaire bourgeois, ne l’acceptant que par défaut et lui préférant nettement l’action directe.

Dans la Chronique régionaliste, il écrivait : « Non, je ne donnerais pas deux sous du régionalisme wallon, comme action et surtout comme pensée si nous avions la folie de nous subordonner à un parti, si, sous prétexte d’aboutir plus sûrement et plus rapidement, nous pliions notre activité aux nécessités de la stratégie parlementaire et électorale. »

Ou dans « Le Catholique – en 1911 ! » :

« Et tout d’abord, qu’on veuille remarquer que, partisan convaincu de l’action sociale directe, c’est en patient résigné du parlementarisme selon l’actuelle formule – mal temporairement nécessaire – que je résous le problème »

Il écrira encore :

« Si nous voulons sortir de l’empirisme désorganisateur de nos partis conservateurs, énervés par bientôt cent ans de libéralisme, il est urgent que nous réapprenions à penser et que ceux qui ont retenu les fortes leçons des maîtres prennent, dans les chaires publiques, la place des sophistes et des illuminés. (La Terre Wallonne. Pour la culture française. 15 mai 1920)

Karl MARX écrivait : “Les individus ne constituent une classe que pour autant qu’ils ont à soutenir une lutte commune contre une autre classe ; pour le reste, ils s’affrontent en ennemis dans la concurrence.”

On en est donc là aujourd’hui : la sociale démocratie n’a plus de modèle sociétal à présenter, et les individus, faute de pouvoir mener une lutte commune contre une autre classe, s’affrontent en ennemis dans la concurrence à tous les niveaux y compris politique et syndical (les élections sociales sont pour bientôt).

En 1938, Elie BAUSSART, que personne ne soupçonnera d’être d’extrême gauche écrivait : « Tout d’abord, l’institution syndicale est une création proprement, strictement ouvrière. Ce sont les travailleurs seuls qui ont constitué ces groupements professionnels… avec leurs multiples services de contentieux, d’assurance, d’éducation, etc., avec tous les rouages d’une vaste et délicate administration, comparable à celle d’un ministère. Un ministère du travail dirigé par les ouvriers eux-mêmes, mais qui, au lieu de suivre la législation et les mœurs, précède et prépare celle-là, exprime et, en partie, informe (au sens scolastique) celles-ci…. Il s’agit d’obtenir, par les voies légales, les réformes juridiques qui amélioreront le sort des classes laborieuses et faciliteront l’accès de leurs fils à tous les degrés de la vie sociale. Il s’agit, parallèlement, de préparer la prise du pouvoir, qui leur permettra de réaliser les réformes de structure préalables à la transformation du régime » (Essai d’initiation à la Révolution anticapitaliste, 1938).

Préparer la prise de pouvoir qui permettra de réaliser les réformes de structure préalables à la transformation du régime.

Qu’aouter encore sinon que nous croyons fermement que la Wallonie peut avoir son rôle à jouer dans cette transformation du régime pour autant qu’elle s’affranchisse du dictat ultra libéral que lui impose une Belgique désormais flamandisée à outrance ?

Bernard DE COMMER

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