Elie Baussart

Conscience de Wallonie

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Un critique sans fioritures.

(Parlant de Emile VERHAEREN, que la presse française présente comme un poète belge)

Qu’on nous permette alors de publier que VERHAEREN nous est, par trop de côtés, étranger pour que nous puissions jamais, nous Wallons, le considérer comme un des nôtres.

Son imagination hallucinante, bondissante nous déroute ; sa sensibilité toute de nerfs et en secousse nous trouble ; ses violences tantôt sourdes, tantôt débondées nous rebutent ; sa paix a une autre tonalité que la nôtre ; sa langue rude, bariolée, cahotée, dont le rythme souvent nous échappe, blesse nos oreilles – notre goût de la mesure, de la nuance, de l’harmonie est trop fréquemment heurté par ce germain primitif, au sang trop ardent, que la grâce du midi n’a pas encore touché. Comment pourrions-nous nous retrouver en lui ? Sans doute, il nous intéresse et, parfois, prodigieusement – mais l’aimer ? Ah ! parlez-nous plutôt de Séverin.

Au reste, peut-on attendre d’un poète belge une œuvre qui soit le microcosme de l’âme belge ? Il faudrait d’abord que cet âme existât, ce dont on peut douter quand on sait combien réagissent différemment un fils des Flandres et un gars de Wallonie.

(La Terre Wallonne. 15 février 1920.)