Elie Baussart

Conscience de Wallonie

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Bulletin n° 63 Les Wallons ont-ils confiance en eux ?

3 juin, 2012 (13:45) | accueil, Actualites, Non classé | By: Bernard

En mai dernier, Sudpresse relatait l’interview exclusive que deux de ses journalistes avaient obtenue de Bart De Wever. Qu’on aime ou qu’on n’aime pas ce dernier, il faut au moins lui reconnaître le sens de la formule choc.

 

Ainsi interpelle-t-il en ces termes : « J’espère qu’elle (la Wallonie) évolue bien. Ce n’est pas à moi de la gérer. Dans le Plan Marshall, il y a des éléments positifs, mais je m’interroge : on parlait déjà du redressement de l’économie wallonne quand j’étais à l’école secondaire. Il faut éviter la révolution. Mais dans un confédéralisme où il y a une autonomie financière, une solidarité transparente, efficace et liée à des conditions, la situation pourrait être plus favorable pour les Wallons que pour les Flamands… La façon dont la Wallonie regarde la France, c’est incroyable. Si on nous laisse tomber, il reste la France. On va dire que je provoque, mais parfois, je pense que j’ai plus confiance dans la Wallonie que les Wallons eux-mêmes »

 

Les Wallons ont-ils donc vraiment confiance en eux ?

 

En 1945, Elie BAUSSART, déjà, s’exprimait à ce propos :

 

« Dans ces conditions, il faut donner au peuple wallon la possibilité de servir ses intérêts et d’assurer son destin. L’Etat belge tel qu’il est constitué n’y est plus apte. Il n’y a ni signe, ni espérance qu’il le soit demain. Le peuple wallon le sait ; il le sent. Il est décidé à ce qu’il n’en soit pas perpétuellement ainsi » (LA CITE NOUVELLE, 1945).

 

Autrement formulé : les Wallons sont-ils vraiment décidé à ce qu’il en soit ainsi ?

 

Quand on voit les acquis des négociations ayant amené le présent gouvernement à la tâche, on peut logiquement s’interroger. Le P.S et les autres partis francophones ont joué la carte du statu quo, qu’ils n’ont pas obtenu comme tel mais dans une logique du « cela aurait pu être pire que ce ne l’est ». La réforme institutionnelle est un vrai bric-à-brac Pour preuve, prenons la scission BHV qui a tant fait couler d’encre au Nord comme au Sud du pays alors qu’elle aurait pu se résoudre d’un coup de cuiller à pot : on scinde, point final. Lorsque l’on s’installe dans une région quelle qu’elle soit, on s’intègre. La plupart des grands-parents et arrière-grands-parents des membres de l’ASBL que nous sommes ont quitté leur Flandre natale ou l’Italie, la Pologne, et d’autres, pour venir s’installer en Wallonie alors florissante et manquant de bras. Ils n’ont pas eu de facilités, ils ont dû, de gré ou de force, s’intégrer. Et cette intégration est telle, par exemple, que dans notre ASBL, nous comptons des militants dont les patronymes sont incontestablement d’origine flamande. L’auteur du présent éditorial en premier. Et pour en revenir à BHV, il y aura désormais des juges francophones actifs en terre flamande.

 

Et les autres réformes à concrétiser restent plutôt nébuleuses. Le commun des mortels en retient essentiellement que les transferts de compétences ne sont pas toujours accompagnés des moyens financiers ad hoc, mais que l’austérité est partagée entre l’Etat fédéral, les Régions et Communautés.

 

Se plaçant dans une perspective régionaliste, dans Terre Wallonne, Elie Baussart écrivait il y a plus de 75 ans – une éternité – :

 

« Le régionalisme a horreur des constructions idéologiques qui violentent la géographie, l’histoire et la psychologie ; ce n’est pas lui qui proclamerait les droits de l’homme : il se défie des théories idéalistes parce que ses enquêtes et ses travaux lui ont appris à connaître la complexité de toutes les questions qu’on résout surtout par des approches successives où il entre beaucoup de bon sens et plus encore de bonne volonté.

Le régionaliste est persuadé qu’on ne réforme pas la société par des décrets providentiels émanés d’un souverain ou d’une assemblée délibérante.

Il croit ferme comme roc que le salut de la Wallonie, pour autant que nous ayons un Etat qui nous fasse respecter de l’étranger, assure la justice pour tous et la liberté de chacun, et ne se livre pas à des folles incursions sur des terrains où il n’a que faire, prendra naissance dans la Wallonie elle-même. C’est le Wallon, la famille wallonne, l’atelier wallon, la campagne wallonne qu’il faut réformer ou relever ou réorganiser et c’est de la combinaison de ces restaurations partielles que sera fait le renouveau de notre petite patrie »

 

Il est donc temps, urgent même, que l’on travaille en Wallonie sur les mentalités pour que, enfin, les Wallons prennent en mains leurs destinée, dût-elle se faire sans la Belgique.

B. DE COMMER.