Elie Baussart

Conscience de Wallonie

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Le militant pour la paix et l’internationaliste

La guerre, ultime recours.

« J’ai tué pour défendre mon pays, non pour le vain prestige de la victoire, mais parce que, lui défait, c’était des millions d’êtres voués à l’humiliation, à la souffrance, à une manière de servitude. Et parce que, vaincu, il eût vécu dans la haine et préparé une nouvelle guerre qui eût coûté, de nouveau, des flots de sang. Mais j’aurais brisé mon fusil si j’avais su que mon pays dût, victorieux, imposer à un autre pays un joug dont il ne voulait pas pour lui, une injustice pareille à celle contre laquelle il luttait » (lA TERRE WALLONE)


L’avenir est à l’ouverture.

« La vieille Europe et l’Amérique, moins jeune qu’elle se croit, devraient regarder de ce côté, non pour s’opposer à ce qui, déjà, ne dépend plus d’eux, mais pour chercher avec tous une voie commune. Et qu’on cesse d’envisager l’avenir en termes de guerre » (LE SOIR du 04/05/1955)


Le Tiers-Monde : une troisième force

« Est-ce une troisième force qui se constitue, celle de l’Europe occidentale n’a pas su ou n’a pas osé être ? «  (LE SOIR du 04/05/1955)


Le Tiers-Monde sur pied d’égalité avec le Vieux Monde et le Nouveau Monde.

« A Bandoeng, dans une île du lointain Océan Indien, une conférence vient de se tenir qui, pour les historiens de l’avenir, pourrait marquer le point de départ d’une nouvelle transformation du monde. Pendant une semaine, se sont rassemblés les représentants de 29 pays comptant près d’un milliard et demi d’hommes. Plus de la moitié de la population du globe. Ils sont venus de l’Afrique du Nord, du Moyen-Orient, de l’Asie du Sud-Est, de l’Inde, de la Chine, du Japon, des Iles du Pacifique, porte-paroles des pays traités en mineurs et en corvéables par l’homme blanc » (LE SOIR du 04/05/1955)


Elie BAUSSART, le pacifiste

« A l’actif de ces dernières semaines, il y a à porter les propositions du Président EISENHOWER sur les armements atomiques. Rien de grand n’a de grands commencements, a écrit je ne sais plus qui, et on peut penser que le caractère réduit du projet (création d’une agence de l’énergie atomique qui introduirait une limitation et un contrôle de l’emploi des matériaux fissibles) serait de nature à faciliter les premiers contacts. Une chance s’offrirait par là d’éroder les méfiances réciproques qui entretiennent la tension internationale. La voie des accords serait certainement plus large si cette institution était renforcée par une mise hors la loi –qui devrait être inconditionnelle- des armes nucléaires. Dira-t-on que cette renonciation n’ajouterait rien à la sécurité du monde, l’expérience ayant appris qu’aucune convention analogue n’a jamais rien empêché lorsque Moloch est déchaîné ? Voire ! Il est invraisemblable cependant qu’elle n’assainisse pas l’atmosphère politique. Elle sanctionnerait par avance la culpabilité d’un Etat qui, passant outre à la crainte de représailles (qui en 40, plus que la convention de Genève, a laissé dans leurs entrepôts les gaz asphyxiants), assumerait la responsabilité de la « destruction de la civilisation et de l’anéantissement du patrimoine précieux de l’humanité » Routes de Paix. Entre les Bermudes et Berlin (Janvier 1954)


Etre pacifiste ne signifie pas être naïf…

En 1920, Elie BAUSSARt, commentant l’attitude de la Grande Bretagne qui estime que les problèmes de l’heure – un rapprochement avec la Russie bolchevique et l’Allemagne vaincue – se résoudront spontanément en subordonnant tout aux « colossaux problèmes économiques qui se posent à l’Europe » écrit:

« Certes, un ordre politique n’est stable que s’il s’accompagne d’un robuste équilibre économique… D’accord sur l’intention – qui ne le serait ? – on peut faire des réserves sur la méthode préconisée.

Les Anglais … supposent en effet que le retour de la prospérité en Europe consolidera l’œuvre de Versailles. Mais cela n’est peut-être pas aussi fatal qu’ils le proclament : le vaincu, à mesure que la prospérité lui reviendra, n’usera-t-il pas de l’indépendance qu’il en tirera pour tenter d’échapper aux obligations d’un traité dont la stricte exécution garantit à peine la tranquillité des vainqueurs.

Pour tout dire, la méthode anglaise postule, pour être bonne, une situation internationale à l’abri des coups de force du germanisme impénitent.

Combien je préfère la méthode française, que Foch et Clémenceau n’ont pu faire prévaloir. Appliquant au statut international le principe que Maurras formule pour le régime intérieur : politique d’abord, elle s’efforce avant tout de donner des cadres solides à l’activité des peuples par un juste équilibre des nations. En 1919, cet équilibre exigeait, avant tout, la dislocation de l’Empire allemand, le transfert au Rhin de la frontière de la liberté.

Certains que l’ordre créé était, par ses conditions internes mêmes, gardé de toute surprise, les Alliés pouvaient alors hâter le relèvement économique des Centraux, sans craindre que le recours d’aujourd’hui ne serve à forger des armes que demain on retournera contre eux.

Est-ce à dire que, faute de cette garantie, il vaille mieux y renoncer ? Certes, non, l’Europe a assez souffert pour ne pas s’exposer au risque d’un bouleversement qui entraînerait peut-être la ruine de la civilisation, sauvée par le sang toujours fumant de nos millions de morts.

Mais puisqu’on s’engage dans cette voie, qu’on révise le traité de Versailles, non pas dans le sens où certains journaux anglais le préconisent, mais en vue d’assurer aux victimes de l’Allemagne la réparation intégrale de tous leurs dommages et la sécurité dans leurs nouvelles frontières par la garde du Rhin, prolongée aussi longtemps qu’il le faudra, de l’Occident pacifique, mais vigilent.

Nous en sommes loin, direz-vous.

C’est cependant, à cette condition, que Londres et Manchester pourront, à l’abri du cauchemar d’une nouvelle guerre, se consacrer à leur business »

(La Terre Wallonne. Mars 1920)

On ne sait malheureusement que trop ce qu’il advint moins de 20 ans plus tard…

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Un homme qui se projetait dans l’avenir…

Dans La Terre Wallonne du 15 juillet 1920, dans un article intitulé « Pour rajuster une Paix mal faite », Elie BAUSSART fait le point des résultats de la Conférence de Spa ; celle-ci avait pour objectif de finaliser les clauses du désarmement allemand. Il estime que ce débat vient trop tard

… C’est au lendemain de la victoire, quand l’ennemi pantelant à nos pieds et le monde entier fasciné par notre triomphe étaient prêts à nous écouter, qu’il fallait dicter nos volontés toutes-puissantes. Alors, il était facile de préparer la renaissance économique du Vieux Monde sous l’égide des peuples vainqueurs.

Depuis, les événements ont marché – et les Allemands peuvent reprendre pour eux cette parole qui fit le fond de notre espérance pendant l’interminable guerre : le temps travaille pour nous.

L’Allemagne, étonnée qu’on l’ait laissé vivre, forte de son unité et des 60 millions d’habitants, de son organisation et de son outillage, est décidée à faire payer largement les services que les Alliés ne peuvent se dispenser de lui demander.

 Le bolchevisme, voué à se consumer sur place dans une Europe saine, est devenu le suprême espoir des peuples que la défaite a accablés ou que la paix a déçus.

 … La pauvre Pologne, élément essentiel de l’équilibre du continent, qui aurait dû être couvée par les Alliés qui l’avaient ressuscitée, a été quasiment abandonnée par eux…

 Les Alliés ont beau prétendre que le traité de Versailles demeure intangible, il n’en reste pas moins que des discussions comme celles de cette semaine, venues après toutes les manoeuvres d’Outre-Rhin pour échapper à certaines stipulations particulièrement pénibles ou humiliantes, en énervent la puissance et en édulcorent l’esprit.

 Mon Dieu ! cela ne m’alarmerait guère si nos sécurités politiques étaient plus solides. Certes, nous ne pouvons songer – et nul ne le fait, du reste – à couper les communications avec l’Allemagne qui produit et qui achète ; il faut, au contraire, préparer un plan pour tirer le meilleur parti d’une coopération que l’économie actuelle de la production rend nécessaire.

 Avouons cependant que nous verrions d’un tout autre œil le relèvement de l’Allemagne s’il ne devait pas profiter au Reich lui-même. C’est que nous ne nous faisons plus d’illusions : à mesure que la richesse allemande se refera, le Reich, plus fort, deviendra plus intraitable. En attendant mieux, il se dispensera d’exécuter ce qui restera d’onéreux dans le traité du 28 juin et nos pays, insuffisamment dédommagés des ravages causés par la guerre inexpiable, devront renforcer la garde de leurs frontières.

 Et voilà qui nous confirme une fois de plus que la paix a été mal faite. Faute de résoudre le problème allemand, comme la raison et non l’idéologie l’exigeait, nous sommes condamnés, Dieu sait jusques à quand, à vivre en perpétuelle alerte, avec, en surplus, l’amertume – dangereuse pour un peuple- de n’être pas payés de notre victoire.

Faute de cela aussi, nous ne savons pas si les accords de Spa – réglant le désarmement et les réparations- passeront jamais dans la réalité, car, tandis que nos hommes d’Etat conventiculent, les événements de l’Est se précipitent.

 Quand on relit cela avec la connaissance qui est la nôtre de la suite des événements, on ne peut que saluer la vision à long terme de Elie BAUSSART