Elie Baussart

Conscience de Wallonie

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Bulletin N°61 : Durban : tout cela pour si peu…

16 février, 2012 (14:07) | accueil, Actualites | By: Bernard

Il faut s’en faire une raison, sans doute : réduire les émissions de gaz à effet de serre, certes, tout le monde est pour, mais rares sont ceux qui veulent y mettre du leur.

Ainsi, à la mi-décembre 2011, la conférence sur le climat à Durban en Afrique du Sud a-t-elle illustré, si besoin était, les limites de l’exercice qui consiste à réunir 190 pays aux intérêts économiques divergents.

Les engagements pris antérieurement, lors du protocole de Kyoto en 1997, et dont l’entrée en vigueur était fixée à 2005, étaient de limiter la hausse de la température à 2° C. Or, l’on semble bien loin de cet objectif : les études récentes indiquent qu’on s’oriente vers un accroissement de la température de quelque 3,5°C.

Revenons brièvement sur Kyoto pour rappeler que les pays en voie de développement en sont exonérés mais tiennent fermement à ce protocole qui est la seule paroi étanche en quelques sorte entre eux et les pays industrialisés qui ont une responsabilité historique dans l’accumulation de C02 et de 5 autres substances à effet de serre. Que ce protocole est contraignant pour l’ensemble des pays industrialisés à l’exception des USA qui ne l’a pas ratifié.

Après 14 jours de négociations intenses et deux nuits blanches, les délégués se sont mis d’accord sur le lancement d’une deuxième période d’engagements qui concernera principalement l’Union européenne. En quelque sorte une seconde session d’examen. Mais ni le Canada, ni le Japon, ni la Russie n’ont souhaité s’engager une seconde fois.

Mais, au fait, qu’est-ce qui a été décidé à Durban ?

De prolonger pour 5 années les délais fixés antérieurement pour que les états signataires se mettent en ordre avec leurs obligations. Cette date initialement prévue était 2012. On joue les prolongations, soit ! Mais les états concernés devront se mettre d’accord en 2012 sur. les chiffres à atteindre. Belle partie de plaisir en perspective !

Mais tout n’a pas été négatif à Durban.

Ainsi les USA et la Chine, les deux plus gros pollueurs de la planète ont-ils fait preuve de souplesse : si tout le monde s’engage à respecter les normes (non encore fixées, soulignons-le), ils seraient preneurs. Se sont-ils rendus compte, enfin, que, selon le GIEC (Groupe International d’Experts sur le Climat), 2015 est l’extrême limite au-delà de laquelle les conséquences sur le climat seront irréversibles ?

Autre aspect positif : un fonds vert est né. Les états industrialisés s’étaient engagés l’an dernier au Mexique à mobiliser 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 pour aider les pays en voie de développement dans leur lutte contre la pollution. Des fonds privés pourront venir s’ajouter à ces 100 milliards. Mais tout n’est pas réglé pour autant : les pays en voie de développement veulent gérer seuls ces fonds, ce à quoi rechignent les pays donateurs.

 

Un autre problème était abordé à Durban : celui de la déforestation. Et là aussi, cela a pataugé. Certes, tous s’accordent sur la nécessité de protéger les poumons verts de la planète mais aucun accord n’est intervenu sur l’enveloppe financière du programme REDD+ qui encourage les états amenés à préserver les forêts sur leur territoire respectif tout en prenant en compte les intérêts des populations locales et dans le respect de la biodiversité.

Enfin, et ce n’est pas anodin, l’Union européenne a parlé d’un seule voix.

Mais malgré ces quelques faibles avancées, il faut bien se ranger aux propos peu amènes de GREENPEACE Belgique : « A ce stade, il n’y a finalement rien d’autre de concret qu’un accord sur des engagements volontaires. On remet une nouvelle fois à plus tard des décisions qui s’imposent en oubliant que chaque année de retard nous rapproche de changements climatiques aux conséquences dramatiques ».

C’est aussi notre sentiment. Et, nous n’en doutons pas, c’eut été aussi celui d’Elie BAUSSART si l’on avait eu conscience de cette problématique à son époque.

Bernard DE COMMER.