|
|
|
BULLETINS.
Bref
panoramique de 11 années de BULLETINS de la Fondation Elie BAUSSART
(aujourd'hui asbl Elie Baussart).
Septembre
1988-Novembre 1998.
Dès le
premier numéro du BULLETIN, en septembre 1988, il est rappelé
que « la Fondation
n’est pas une association du souvenir »,
mais que, « prenant ses racines
dans les intuitions d’un précurseur, elle se veut tournée vers
l’avenir ».
Et
l’avenir, la grande question qui agite les sphères sociale et
politique des années 80, c’est la problématique
du travail et du temps. Un groupe de réflexion est constitué
qui fera part des résultats de ses travaux dans trois numéros :
en septembre 1989, en janvier 1990 et en septembre 1990.
Deux
passages, parmi d’autres, et qui gardent, aujourd’hui encore,
toute leur pertinence :
« Il faut trouver une alternative
qui donne la primauté à l’homme tout entier et ne se contente
pas de l’homo oeconomicus qui est un homme tronqué. Chacun
doit avoir une part d’activité marchande mais pas se limiter
à cela. »
«
Le Temps, le bien le plus précieux de
l’homme. Il l’accompagne de sa naissance à sa mort et lui permet
d’agir, de souffrir, de se réjouir et de vivre. Notre société
n’est-elle en train de lui voler ce temps par un travail, une
consommation et des loisirs forcés ? »
Question
à laquelle, le groupe de réflexion ne pourra répondre une fois
pour toutes, tant le sujet est vaste et complexe.
Dès
le début de la Fondation, un groupe « Wallonie » se
forme en son sein et qui va livrer, à intervalles réguliers,
le fruit de ses recherches. Ainsi, par exemple, dans le numéro
de septembre 1989, est-il fait rapport d’une rencontre avec
Vincent VAGMAN à propos de son ouvrage Happart de A à Z.
En 1990-1991, ce groupe invite Willy BAL pour deux séances
consacrées à La dynamique de la culture wallonne ;
Yves DE WASSEIGE avec Région et Communauté ; José
FONTAINE et Démocratie dans l’Eglise et en Wallonie :
André LEONARD, évêque de Namur ; Jean LOUET pour Histoire,
identité, culture de Wallonie. En 1991-1992, c’est au tour
de Thierry HAUMONT (Etre écrivain en Wallonie), Vincent
VAGMAN (Charleroi, éléments d’une mutation post-industrielle),
de Guido FONTEYN (Les Flamands) et Philippe DESTATTE
(L’identité wallonne) de prendre la parole à la Fondation.
Dans le numéro de février 1992, le compte-rendu de la rencontre
avec Guido FONTEYN pose le problème du Vlaams Block et des liens
traditionnels du mouvement flamand et de l’extrême droite, ce
que ce dernier réfute. Il semblerait que, dix ans plus tard,
l’actualité lui ait donné tort. Le mouvement flamand (démocratique)
a lui-même pris conscience de cette
alliance implicite qui le minait depuis trop longtemps et a
commencé à faire le ménage en son sein.
La
réflexion sur le système économique n’est pas absente, loin
de là. Ainsi, dans le numéro de janvier 1991, Jean DORZEE pose-t-il
le postulat – que déjà posait Elie BAUSSART dès 1938 et qui
reste pertinent jusque dans ce 21ème siècle- que
« si le système
du libre échange s’avère actuellement
salutaire à tous (même les pays de l’Est en sont convaincus),
le capitalisme sauvage, que le grand marché de 1993 risque d’aggraver
en Europe et dans le monde, ne peut être accepté aujourd’hui
comme hier. »
En Mai 1997, pour joindre la réflexion à l’action, invite est
lancée aux lecteurs du BULLETIN de se joindre aux Marches européennes
vers Amsterdam.
L’aspect
« culture » et spécialement « culture wallonne »
est largement abordé au fil du temps. Citons, par exemple, Willy
BAL, qui en septembre 1990, résume le dynamisme de la culture
wallonne en ces mots : « Peuple
dont la romanité s’exprime traditionnellement, depuis des siècles,
par deux idiomes, étroitement apparentés mais nettement individualisés. »
En février 1992 est organisée d’ailleurs, sous l’égide de la
Fondation, une journée wallonne abordant la problématique de
la culture wallonne.
La foi chrétienne, dont se réclament un certain nombre
de membres fondateurs, n’est évidemment pas absente des BULLETINS
successifs. La Fondation était d’ailleurs partie prenante lors
de la manifestation de soutien à Monseigneur GAILLOT organisée
à Charleroi le 05 février 1995. Son numéro de mars 1995 y fait
largement écho sous la plume de Jean DORZEE : « cet
événement (est) révélateur
du profond malaise qui affecte d’abord le chrétien, mais aussi
tout citoyen épris de liberté et de démocratie. »
Le 18 novembre 1995, la Fondation organisait conjointement avec
Eglise Wallonne une journée de réflexion sur base d’une
enquête diffusée dans le BULLETIN de juin 1995. Les actes de
ce colloque seront ensuite publiés.
Le
numéro de novembre 1998 devait être le dernier BULLETIN. Jean
DORZEE quitte alors la présidence en concluant : « Le
petit bulletin jaune à parution irrégulière s’intègre dans le
grand frère TOUDI qui a les reins plus solides, est mieux
organisé avec un public plus large. »
Il
s’avère pourtant très vite que le petit bulletin jaune manque
aux membres de la Fondation. . En novembre 2000, celui-ci ressuscite,
avec un visage différent, sous la plume du nouveau président,
Bernard DE COMMER.
Numéros
publiés et disponibles sur demande auprès du secrétariat de
la Fondation :
1ère
année : 09/88 et 12/88
6ème année : 03/93
11ème année :11/98
2ème
année : 05/89 et 09/89
7ème année : 02/94,05/94,09/94 et 12/94
3ème
année : 01/90 et 09/90
8ème année : 03/95,06/95, 09/95
4ème
année : 01/91
9ème année : 03/96 et 06/96
5ème
année : 02/92 et 09/92
10ème année : 03/97, 05/97,06/97et 11/97
Brochures :
La
journée wallonne du 21/01/89 : Xavier MABILLE (La difficulté
d’être wallon, belge, européen), Tony DHONES (Wallonie, Belgique,
Europe, Mondez. Vers de multiples appartenances), Jacques HOYAUX(
Etre belge, être wallon, être européen).
La
journée wallonne du 27/01/90 : José FONTAINE (La Wallonie
censurée).
Journée
sociale wallonne du 16/02/91: l’associatif à la croisée
des chemins. Jacques YERNA (Les syndicats traditionnels et les
nouveaux mouvements associatifs) et Michel PAPELEUX (Existence
et impact d’un projet alternatif)
En
collaboration avec Eglise wallonne et Subjectif :
Pour
une Eglise dans la société wallonne (09/94)
Valeurs,
Eglise et Wallonie(Actes du colloque de Floreffe. Le 18/11/95)
Numéros
du BULLETIN nouvelle série disponible sur demande auprès du
secrétariat de la Fondation :
N°1
11/2000 Les leçons d’un scrutin communal
N°2
01/2000 Bons vœux pour un nouveau millénaire ?
N°3
03/2001 Ste-Perlette ? St-Polycarpe ?Ou tout
bonnement Ste-Marchandisation ?
N°4
05/2001 Un 1er mai de rupture ?
N°5
05/2001 Spécial « Actualités institutionnelles et sociales ».
Vacances ou vacance ?
N°6
07/2001. Appel à une autonomie régionale accrue plutôt qu’à
des soins palliatifs.
N°7
09/2001.Une embellie qui n'aura guère duré?
N°8
10/2001. Une information très sélective...
N°9
12/2001. Plus d'Europe, mais mieux.
N°10
02/2002.Une oeuvre à revisiter
N°11 06/2002.
1er mai 2002 : colmatage ou front populaire?
N°12 09/2002.
Ah! Quand les flamands s'en mêlent...
N°13 10/2002.
Les leçons d'un mois de septembre où la démagogie a côtoyé le
meilleur
N°14 12/2002.
Il est bien plus naturel à la peur
N°15 03/2003.
Et si le peuple américains choissisait la paix
N°16 04/2003.
Gauche ou droite : les enjeux du 18 mai 2003
N°17 07/2003.
Un mariage enfin consommé...
N°18 09/2003.
D'un 11 septembre à l'autre...
N°19 12/2003.
De quoi 2004 sera-t-il fait?
N°20 03/2004.
Vous avez dit : Communauté française ? Bof ...
N°21 07/2004.
PS/CDH : un mariage d'amour, vraiment ?
N°22 09/2004.
Les langues de bois se délient : propagande de guerre ou crispations
post-électorales ?
N°23 01/2005.
2005 une année comme les autres ?
N°24 03/2005.
175/25, une redondance médiatique qui n'engage finalement
a rien...
N°25 06/2005.
D'un premier mai très communautarisé à
la mise au frigo de BHV
N°26 09/2005.
Brûler ce qu'on a adoré ?
N°27 12/2005.
Pas facile d’être Wallons par les temps qui courent
!
N°28 02/2006.
Ramdam dans les médias bruxellois...
N°29 04/2006.
Il n'y aurait pas de Nation wallonne?
N°30 05/2006.
Une Constitution wallonne bien (trop) sage…
N°31 08/2006.
Quand Elie BAUSSART nous parle de paix
N°32 10/2006.
La violette plutôt que l'olivier
N°33 01/2007.
2007 ne sera pas une fiction...
N°34 03/2007.
Un manifeste pour l’unité francophone
N°35 05/2007.
DI RUPO/LETERME : le choc des titans n’a pas eu lieu.
Bulletin
N°36
La quadrature
du cercle ou le temps venu des compromis….
Au lendemain des élections fédérales, il y a
plus d’interrogations que de leçons à tirer. Le CD&V cartonne,
son cousin francophone ne progresse pas de façon significative.
Le MR, tout en perdant 2 sièges, devient le premier parti francophone
à la Chambre des représentants. Mais son cousin flamand le VLD
pique du nez. Le PS s’est effondré. Les « affaires de Charleroi
» prétend-il. Sans doute y a-t-il eu de cela. Mais il ne faut
pas négliger la vague sarkozienne et son discours neuf (même
si sur le fond on n’y adhère pas) face au discours emprunté,
misérabiliste, d’un DI RUPO et de la gauche en général qui,
contrairement à la droite démocratique, n’arrive pas à s’assumer
à force de tirer sans cesse au centre. Son cousin flamand, le
SPA s’est littéralement liquéfié. Les ECOLOS, au nord et au
sud, s’en tirent bien mais ils pèsent seulement pour une dizaine
de sièges dans la balance. L’extrême droite ne progresse pas,
c’est déjà cela.
Yves LETERME a rappelé dans son discours de
victoire (d’intronisation ?) que son parti voulait une réforme
de l’Etat. Tous les partis francophones ont rappelé qu’ils n’en
voulaient pas.
C’est avec ces données-là que le futur (in)formateur
va devoir tenter de trouver une majorité simple ou des 2/3 selon
ce qu’on voudra en faire. On ne peut bien sûr que lui souhaiter
bonne chance. Il lui faudra une bonne dose de saine gestion
des compromis. Il est à craindre même que, dans le chef de certains,
l’attrait du pouvoir l’emporte sur les convictions. On peut
donc s’attendre à tout, y compris aux pires compromissions.
Et pourtant l’urgence d’un nouvel humanisme
– comme Elie BAUSSART l’entendait et dont nous développons le
propos ci-dessous- n’a jamais été aussi manifeste.
Bernard DE COMMER
Bulletin
N°37
L’heure
de vérité ?
Nous écrivions, dans notre bulletin de juin
dernier, sous le titre « la quadrature du cercle », qu’il serait
particulièrement malaisé de trouver un accord de gouvernement.
Force est de constater, à l’heure où sont écrites ces lignes,
que nous ne nous étions pas trompés. Après le passage éclair
d’un DEHAENE, dans un costume mal ajusté d’informateur tant
il est apparu pressé de refiler la patate chaude à son meilleur
adversaire, Yves LETERME, et son optimisme de façade quant aux
chances de mettre sur pied une coalition « orange bleue », les
choses sérieuses ont vraiment commencé. Et il fut de suite évident
que les négociations seraient particulièrement compliquées,
malgré la vague promesse d’un accord pour le 21 juillet, tout
d’abord, puis du 15 août par la suite. A ce point, d’ailleurs,
qu’ALBERT II a suspendu celles-ci et rencontré les présidents
de parti un à un, Yves LETERME peaufinant une note susceptible
de ramener les partenaires à la raison et échouant finalement
avec la conclusion logique de son échec : sa démission.
Mais pourquoi diable est-ce si difficile ?
Rappelons, en premier, que les revendications
flamandes, ne sont pas neuves ; elles étaient déjà présentes
en l’espèce en 1999, puis en 2003. Mais, on a, alors, contourné
la difficulté en créant une commission ad hoc chargée d’explorer
l’institutionnel. A force d’échapper au débat – nous voulons
dire : un vrai débat - à coups d’entourloupes, on finit invariablement
par amplifier les problèmes. Les rancoeurs s’accumulent, la
méfiance croît de part et d’autre.
Personne ne niera à ce jour que les uns et les autres se soupçonnent
des pires intentions cachées.
Rappelons encore que la position des francophones
est aussi connue depuis bien avant les élections.
Pas de quoi être surpris donc. Mais au-delà
de ces aléas, il y a surtout le fait qu’on se trouve confronté
à deux conceptions du fédéralisme. RICHELIEU écrivait que «
chacun conçoit les affaires selon la portée de son esprit ».
Ce que nous vivons avec les présentes négociations (mais on
le savait depuis longtemps) illustre à merveille cette citation.
La Flandre envisage le fédéralisme comme l’alliance de deux
nations indépendantes qui mettent en commun un certain nombre
de choses ; les Wallons et les Bruxellois veulent un état central
fort qui délègue certaines compétences aux entités. C’est du
moins ainsi que le discours majoritaire s’exprime. Ces deux
conceptions se télescopent, bien entendu, et dès lors, il nous
semble que le scénario envisagé par l’émission de la RTBF qui
fit couler tant d’encre il y a quelques mois n’est plus si irréaliste
que cela. Nous l’avons toujours dit : nous devons nous y préparer.
Il n’est pas du tout certain que nos leaders politiques du sud
du pays, tous partis démocratiques confondus, en soient convaincus.
Ils donnent aujourd’hui plutôt l’image d’aller à rebrousse poil
de l’Histoire. La politique de l’autruche en quelque sorte.
La suite nous dira si notre analyse était présomptueuse
ou si l’heure de vérité a sonné, mais il nous étonnerait fort
que nous nous fussions trompés in fine.
Bernard DE COMMER.
Le 24 août 2007.
Bulletin
N°38
Est-ce
encore l’heure des compromis à moitié ?
Le discours belgicain des partis francophones
s’essouffle. De plus en plus d’hommes politiques wallons et
bruxellois, de commentateurs, font le constat que, finalement,
le fédéralisme d’union a de moins en moins d’avenir et qu’on
s’oriente cahin caha vers le confédéralisme, voire la scission
pure et simple du pays. La politique de l’autruche clamée haut
et fort par DI RUPO est remise en question au sein même de son
parti. Lorsqu’il y a quelques semaines, un José HAPPART s’exprimait
en faveur de ce confédéralisme, certains ricanaient : le chant
du cygne de la vieille garde régionaliste, qu’ils disaient…
Aujourd’hui, quand un MOUREAUX fait remarquer que « ceux qui
plaident la fin de Belgique, par étapes, certes, mais réelle,
sont devenus une minorité tellement importante qu’elle détermine
la suite des événements » (LE SOIR du 25/09/07), ces mêmes qui
ricanaient n’en ont plus envie. Car on en est là, au 107 ème
jour de la crise et, au moment où ces lignes sont rédigées,
rien ne permet de croire que le bout du tunnel soit proche.
Ce confédéralisme, voire cette scission du pays, ceux qu’on
appelle improprement les Francophones – Wallons et Bruxellois,
cela siérait mieux, sinon pourquoi ne pas parler de Néerlandophones
et de Germanophones ? – ceux-là s’y préparent dans les faits
en réclamant, par exemple, l’élargissement de Bruxelles, l’idée
étant d’éviter que Bruxelles ne devienne une enclave au cœur
de la Flandre
Elie BAUSSART fut en son temps (à l’encontre souvent des milieux
catholiques d’alors) un fervent partisan du fédéralisme à deux
: Flamands et Wallons. Il n’était pas à cette époque question
de Bruxelles comme région à part entière. Force est de constater
que son rêve, un temps – très court, il est vrai- rencontré,
n’est plus guère d’actualité. On peut le regretter, on peut
s’en réjouir – à chacun de juger-. Mais nul ne peut plus se
voiler la face : même si l’on s’en sort une fois encore par
des compromis ‘ou compromissions) à la Belge, l’Histoire n’en
est pas moins en marche. Et la fin de la Belgique de papa programmée.
Quelque chose d’autre se précise. Ce que ce sera, nous ne pouvons
évidemment pas encore le dire avec certitude. Mais notre conviction
est faite : ce n’est plus qu’une question de temps, il faut
nous y préparer car, comme le dit MOUREAUX « ce n’est plus le
temps des compromis à moitié ».
Bernard DE COMMER.
Bulletin
N°39
Cesser
de se leurrer.
D’aucuns – avec l’appui inconditionnel des médias
francophones- s’essaient toujours à se convaincre qu’il est
possible de sauver la Belgique fédérale. Drapeaux tricolores
aux fenêtres (mais plutôt en Wallonie et à Bruxelles qu’en Flandre),
campagne de signatures (I want you from Belgium: slogan rappelant
l’invitation faite aux Américains de s’engager, en 1914-1918,
pour sauver la Belgique martyre), discours belgicains de DI
RUPO et même une marche pour une « Belgique Unie » (qui a certes
rassemblé 35 000 personnes mais essentiellement francophones
et pas un homme politique flamand et dont les organisateurs
n’ont rien dit du contenu de cette Belgique unie) ; …
Cette conviction, qui revêt par beaucoup d’aspects,
les oripeaux d’une croyance, tant l’irrationnel s’en mêle, ne
résiste guère à une lecture un tant soit peu attentive des événements.
Il y a, d’abord, la durée de la crise –entendez
: l’absence d’un accord de majorité- : 163 ème jour d’attente
à l’heure où sont écrites ces lignes, soit le 20 novembre. Les
désaccords portent sur l’institutionnel, c’est entendu ; mais
celui-ci se retrouve dans toutes les sphères de la gestion de
la société : économie, emploi, mobilité, justice, et pour coiffer
le tout : budget. Désaccords qui mettent en relief, si besoin
était, deux visions globales du vivre ensemble, strates de l’histoire
vécue par les uns et les autres, mais aussi strates d’un fédéralisme
mal embouché il y a de cela trois décennies et qui devait, tôt
ou tard, mener à l’impasse actuelle. L’on essaie bien de rattraper
la mayonnaise en parlant –enfin- de circonscription fédérale
comme il se doit dans toute état de ce type, mais trop tard.
Mais voilà que, à ce jour, le MR, redoutant sans doute l’échec
de l’Orange bleue et peu enclin à voir le PS revenir au pouvoir
d’une manière ou d’une autre, se met à faire des avances aux
partis flamands en matière de réforme fiscale et de droit du
travail.
Impasse – et ce sera notre second constat- que
la scission BHV illustre à merveille. Sur le fond, cette scission
ne nous pose pas de problème de conscience, nous le redisons
une fois encore : ceux qui ont choisi d’habiter en Flandre se
doivent de s’intégrer. Au même titre que les Flamands – dont
était notre grand-père d’ailleurs- ont dû s’intégrer lorsqu’ils
sont venus chercher dans les charbonnages wallons de quoi nourrir
leur famille. Sur la manière, par contre, il faut bien reconnaître
que les Flamands ont dérogé violemment à la règle qui prévalait
entre Communautés, à savoir que rien ne se faisait en force,
mais tout en compromis. Il y eut, certes, des précédents mais
qui n’ont laissé que peu de traces dans la mémoire collective.
Ce qui s’est, par contre, passé en Commission de la Chambre
dernièrement risque bien de laisser à vif des blessures d’amour
propre pour longtemps quand bien même, par quelque tour de passe-passe,
les réconciliateurs désignés par le Roi trouveraient un aménagement
acceptable par tous dans ce dossier.
Il y a, enfin, l’incapacité chronique des hommes
et des femmes politiques à aller au-delà des tabous qu’ils ont
eux-mêmes générés et entretenus en campagne électorale : le
« ja natuurlijk » aux réformes institutionnelles côté Flamands,
le « non, pas question » au Sud du pays et à Bruxelles. Comment
allier des positions aussi antagonistes, sans tomber dans la
compromission et tromper l’électorat ? Aujourd’hui, LETERME
ou pas, il n’y a pas de solution de rechange et l’on a vaguement
le sentiment, plutôt à raison qu’à tort, que l’objectif est
aujourd’hui de sauver l’Orange bleue à tout prix.
La solution n’est pas dans l’Orange bleue, ni
dans toute autre combinaison, fut-ce celle d’un gouvernement
d’union nationale. Il faut s’orienter désormais vers un confédéralisme
à trois, voire à quatre (avec la Communauté germanophone) :
première possibilité. Ou, si cela s’avère impossible, vers un
divorce à l’amiable. Sera-ce via un Comité des Sages ? Oui,
peut-être, si celui-ci ne se résume à une coquille vide comme
ce fut le cas sous la majorité sortante. Sans quoi, dans deux
ans, lors des élections régionales, la crise sera plus ingérable
encore qu’elle ne l’est.
Désormais, qu’on le veuille ou non, qu’on l’appelle
de ses vœux ou non, la Belgique fédérale vit ses dernières heures.
Bernard DE COMMER.
A MEDITER...
N’ayons de parti pris contre quoi que ce soit,
contre qui que ce soit. Je pense spécialement, en disant cela,
à notre attitude vis-à-vis des Flamands qui, de bonne foi, comme
nous d’ailleurs, cherchent à réaliser l’ensemble des conditions
les plus favorables à l’épanouissement de leur peuple. Assez
de querelles, de préjugés et de malentendus nous séparent pour
que nous ne tentions pas un effort réciproque de compréhension
et de sympathie. N’est-ce pas le chemin le plus droit pour le
bien des deux peuples et du pays ? (Elie BAUSSART. La Terre
wallonne)
A MEDITER ENCORE...
Les Francophones doivent savoir qu’ils ne peuvent
pas jouer avec les pieds du gouvernement flamand(...) Les Francophones
ont joué, ils ont perdu. Deux fois coup sur coup (...) Cela
démontre que quelque chose a changé dans ce pays. Les partis
politiques flamands osent enfin affirmer leur volonté sans s’enquérir
au préalable d’une autorisation des Francophones. Nous devons
faire cela plus souvent. Cela marche. Et nous n’y perdons rien.
Bien sûr, on nous envoie un tombereau de gros mots – agression,
antidémocratique...- mais cela ne prête pas à conséquence. Le
coq chante mais ne pique pas » (Paul GEUDENS, éditorialiste
à de Gazet van Antwerpen. Rapporté dans LE SOIR du 19/11/07)
Bulletin N°40
Bye,
bye Belgium : de la fiction à la réalité…
Il y a un an, nous écrivions : « Au mois de décembre
dernier, la RTBF réveillait la conscience des téléspectateurs
habitués ou non de la chaîne publique. Téléspectateurs que les
politiciens francophones, à de rares exceptions près, avaient
endormis à force de paroles rassurantes. Ils ont d’ailleurs
remis cela dès le lendemain se présentant comme des petits pères
des peuples wallons et bruxellois, leur discours s’étant résumé
à un n’ayez pas peur, cela n’arrivera pas ; nous sommes là,
nous veillons. Quelle hypocrisie ! Car enfin, et plus personne
ne s’est laissé bercer par de douces illusions, dans quelques
mois, si des DI RUPO, MILQUET ou autres, veulent participer
un tant soit peu à la gouvernance fédérale, ils savent pertinemment
bien que ce ne sera qu’au prix d’un détricotage de plus. Cela
fait trente ans qu’il en est ainsi et nous ne voyons pas ce
qui ferait qu’il en fût autrement cette année-ci. Donc, d’un
point de vue communautaire, institutionnel, nous pouvons affirmer
sans risque d’erreur que 2007 ne sera pas une fiction ».
Effectivement, 2007 n’eut rien d’une fiction. Pour preuve, au
moment où sont écrites ces lignes, on en est au 187ème jour
d’un gouvernement en affaires courantes et tout porte à croire
que les fêtes de fin d’année se passeront dans les mêmes conditions.
Même une majorité de rafistolage, comme celle que le 1er Ministre
sortant s’essaie à constituer, a bien du mal à se concrétiser.
Il y a 6 mois, et avant cela, durant toute la
campagne électorale, les partis francophones ont déclaré comme
un seul homme qu’ils ne s’inscriraient pas dans un débat de
réformes constitutionnelles. Aujourd’hui, l’idée ne les rebute
plus, elle leur semble même devenue une évidence incontournable.
Certes, l’idée reste, au Sud comme au Nord, le plus souvent
emballée dans un discours belgicain pur jus, de bon aloi, politiquement
correct, mais la naïveté des citoyens, leur crédulité a des
limites : à force de transferts de compétences du fédéral vers
les régions, le concept « Belgique » ne sera plus, tôt ou tard,
qu’une coquille vide. Qu’on le regrette ou qu’on l’espère, Bye
bye Belgium cessera à terme d’être une fiction.
Cette échéance ne doit pas effrayer les Wallonnes
et les Wallons. Il faut même s’y préparer, en gardant en mémoire
ce que disait Elie BAUSSART en 1919 (cela s’appliquait aux luttes
syndicales, mais peut fort bien concerner les luttes politiques)
: « L’on conviendra avec nous que si les faits influent sur
les idées, les idées elles aussi ne cessent d’influer sur les
faits. Et dans la généalogie des évolutions, l’on voit bien
que les transformations définitives se sont tout à coup transposées
des idées dans la réalité. C’est un phénomène qu’on feint trop
d’ignorer ».
Oui, les idées se transposent dans la réalité
et les Wallons et les Wallonnes ne veulent pas l’ignorer et
même veulent y oeuvrer utilement. Que 2008 puisse concrétiser
cette volonté d’aller de l’avant, au-delà des tabous, au-delà
des nostalgies. C’est en tout cas les voeux que nous formulons
pour nos lecteurs et sympathisants et pour tous celles et tous
ceux qui se réclament de la Wallonie.
Bernard DE COMMER.
Bulletin
N°41
En guise
d'éditorial.
Alors que le débat institutionnel bat son plein
en séance ou en coulisses, le M Manifeste wallon a pris l'initiative
d'une réunion qui s'est tenue le 24 janvier dernier et qui avait
pour thème : la Wallonie existe et s'exprime. A l'issue
de celle-ci, le communiqué suivant a été rédigé. Nous le soumettons
bien volontiers à la réflexion de nos lecteurs.
« A l'initiative du Mouvement du
Manifeste Wallon et sous la présidence de M. Jean Louvet, des
élus wallons, des représentants du monde syndical, du mouvement
wallon et de la société civile se sont réunis le 23 janvier
2008 à Namur.
Dans le cadre des négociations actuelles
au sein du groupe de travail de réforme de l'Etat dit ‘Octopus’
et du débat intra-francophone dans la Commission ‘Busquin-Spaak’,
les participants ont réaffirmé quelques grands principes
fondamentaux :
- A l’heure où ces négociations engagent
l'avenir de l’Etat belge et de la Wallonie, les participants
en appellent au courage de tous les négociateurs wallons:
qu’ils soient conscients qu’il est de l’intérêt des Wallons
et des Wallonnes de se donner les instruments et donc les
compétences qui garantiront son avenir ! Le fédéralisme belge,
pensé depuis un siècle et mis en œuvre depuis presque 40 ans,
à la rencontre des aspirations culturelles flamandes et des
revendications socio-économiques wallonnes, est un système
mûr. Pour la Wallonie, l’institution régionale a atteint une
dimension critique qui lui permettra d’absorber tout transfert
de compétences sans difficultés majeures. Toutefois cet acquis
doit maintenant être repensé à la lumière des exigences d’aujourd’hui.
- La seule réalité un peu solide pour
les Wallons et les Wallonnes sur laquelle construire leur
avenir et développer leur propre projet de société demeure
l’existence d’une Région autonome et « quasi-souveraine ».
Le développement économique de même que la solidarité « inter-personnelle »
entre citoyens ne se décrètent pas. Pour porter
durablement et renforcer la reconquête par la Wallonie de
sa prospérité, l'exercice par l'institution régionale des
compétences culturelles est l'un des outils indispensables
à celle-ci, ce qui induit qu'elle soit responsable de son
enseignement, de sa politique culturelle et de ses
médias.
Les participants se sont en outre réjouit d’entendre
de plus en plus d’élus et de représentants de la société civile
bruxelloise déclarer qu’il est temps de laisser derrière nous
un Etat belge où deux Communautés se font face, pour permettre
l’épanouissement de trois Régions, chacune avec son identité
propre, des institutions efficaces et la capacité de développer
des coopérations efficientes entre elles.
Bulletin N°42
Une conférence
diplomatique permanente entre deux pays…
On l’aime ou on l’aime pas mais il faut bien
reconnaître que Bart DE WEVER (N-VA) a le sens de la formule,
et de la formule qui dit tout haut ce que pas mal pensent tout
bas – y compris du côté francophone. « La Belgique, disait-il
à la veille de l’accord de majorité du gouvernement LETERME
1er, la Belgique n’existe plus ; elle n’est qu’une conférence
diplomatique permanente entre deux pays ». Effectivement.
L’accord de majorité « lilas » a mis du temps
à se concrétiser. L’accouchement se fit même tout bonnement
aux forceps. Les tensions y ont été telles entre gauche et droite,
nord et sud qu’on se demande ce qui peut bien réunir des partenaires
aux conceptions aussi hétéroclites du vivre ensemble. A entendre
les DI RUPO, MILQUET, REYNDERS et autres, flamands compris,
s’exprimer, chacun tirant la couverture à soi, au soir dudit
accord, on a le sentiment comme jamais auparavant de se trouver
au sortir d’une de ces conférences diplomatiques où il n’y a
ni vainqueur, ni vaincu. Ou plus exactement, si on y regarde
de plus près, où il n’y aurait que des vaincus tant les compromis
engrangés confinent aux compromissions par rapport aux programmes
électoraux respectifs et aux conditions sine qua non qu’on clamait
encore haut et fort il y a quelques jours à peine. En matière
socioéconomique, de santé, d’emploi, il y a bien quelques avancées,
mais vraiment minimes. Et encore, rien n’est moins sûr, car
l’argent fait cruellement défaut : pour équilibrer le budget
fédéral, il a fallu racler les fonds de tiroir et faire contribuer
Régions et Communautés. Du côté des réformes institutionnelles,
il faut bien dire que l’on restera sur sa faim au minimum jusqu’en
juillet. Or n’oublions quand même pas que le maintien aux affaires
du PS a été dicté uniquement par le souci de dégager une majorité
des 2/3 indispensable aux réformes institutionnelles. De réformes,
il n’est guère question, ou si peu ou de manière anecdotique
si ce gouvernement s’en tient au seul accord intervenu au Comité
des sages.
Conférence diplomatique donc, mais appelée sans
doute à durer probablement jusqu’aux prochaines élections régionales
où nul n’est besoin d’avoir des qualités de devin pour prédire
qu’on se retrouvera au même point, personne n’imaginant que
les Flamands auront oublié leurs revendications et que les partis
francophones auront retrouvé un tantinet de lucidité et de courage
pour s’engager dans la voie d’un confédéralisme inéluctable
que leur attitude présente ne fait que postposer à plus tard.
Jusqu’à quand ? Dieu seul le sait sans doute…
Et ceux qui n’auront pas su, pas voulu, aller de l’avant risquent
fort bien par imprévoyance ou entêtement de se retrouver où
ils n’imaginaient pas se rendre un jour. Espérons qu’ils n’auront
pas, que nous n’aurons pas, nous Wallons, à le regretter.
Bernard DE COMMER.
Bulletin N°43
15 juillet
: stop ou encore ?
Le 15 juillet prochain, la question risque bien
de se poser. Pas seulement en termes de chute du Gouvernement
LETERME 1er mais aussi, et surtout, en termes de poursuite ou
non de l’existence de la Belgique.
M. MOUREAUX – un PS et qui plus est un Bruxellois-
dans LE SOIR du 18 juin dernier se positionnait pour négocier
« une nouvelle Belgique », entendez pas là une Belgique « confédérale
». Le jour même, il s’attirait les foudres de Mme MILQUET, les
critiques d’ECOLO, le quasi- silence du MR et le soutien viril
du parti socialiste. On se rappellera quand même utilement qu’il
y a 1 an à peine ce dernier criait haut et fort n’être demandeur
de rien en matières institutionnelles. Mais bon, comme dit l’adage
populaire : seuls les ânes ne changent pas d’avis.
Cette « nouvelle Belgique » selon M. MOUREAUX,
c’est une Belgique confédérale qui s’articulerait sur 3 Régions
fortes mettant en commun ce qu’elles estimeront devoir mettre.
Et pour mettre sur pied cette « nouvelle Belgique », celui-ci
de décliner un certain nombre de propositions comme l’élargissement
de Bruxelles, la protection des minorités, etc.
Les arguments avancés par M. MOUREAUX nous paraissent
pertinents. Ainsi, dit-il, l’appareil de l’Etat fédéral est
de plus en plus aux mains des Flamands. Exemple : le Conseil
d’Etat qui ne déciderait plus en fonction du droit mais des
intérêts flamands. C’est indéniable.
Il n’est plus, ajoute-t-il, un domaine de la
gestion publique que les Flamands ne souhaitent transférer aux
Régions. Et bien qu’ils s’en défendent (quoique la sortie récente
de la présidente du CD&V, Mme THISSEN, qui s’est tout aussitôt
rétractée), c’est sur une scission du pays que l’on finira par
déboucher. Une « procession d’Echternach » ironise M. MOUREAUX
relativement à ce volte-face.
Tout, tout indique que l’on va dans cette direction-là.
On le regrettera ou non, mais c’est une réalité à propos de
laquelle la seule question qui reste en suspens est la suivante
: dans quel laps de temps y serons-nous ?
Pour M. MOUREAUX, il ne s’impose plus de tergiverser.
Et nous partageons son point de vue. Plus on attend, plus on
retarde l’échéance, plus cela va devenir difficile. Et la proximité
des élections régionales en juin 2009 rendra les négociations
plus dures encore. Donc, c’est notre souhait : allons-y pour
une Belgique confédérale. Non pas que nous fussions particulièrement
attaché au label « Belgique » mais parce que cela nous semble
la solution la plus raisonnable dans le contexte européen.
Certains juristes puristes ont cru bon jouer
sur les mots dans les médias en affirmant qu’il n’y avait plus
aujourd’hui, en Europe, de pays confédéral. La Suisse, qui se
définit encore comme telle, est en fait un Etat fédéral. Soit.
Ont cru bon aussi souligner que le confédéralisme implique que
des pays souverains s’allient sur des matières précises et que
des décisions dans ces matières se prennent à l’unanimité. Il
faudrait donc, à leurs yeux, une scission du pays comme étape
intermédiaire. Soit, s’il faut passer par là, après tout pourquoi
pas ? A moins que nous n’innovions et passions d’un Etat fédéral
à un Etat confédéral. Qu’importe, à la fin : l’essentiel n’est
pas dans ces querelles de juristes mais dans la volonté des
uns et des autres d’aboutir.
Ceux qui, aujourd’hui, ne perçoivent pas où
l’on va ou qui, le percevant, tentent par tous les moyens de
retarder l’échéance, seront bien forcés de regarder l’ Histoire
s’écrire sans eux. « Tout nous fait signe : à nous d’en faire
sens », écrivait Pierre EMMANUEL. C’est en tout cas notre volonté,
c’est en tout cas celle à laquelle nous appelons les Wallonnes
et les Wallons.
Bernard DE COMMER.
Bulletin
N°44
Mieux
vaut tard que jamais…
De quoi ont été faites au plan institutionnel
les vacances estivales ?
Il y eut, tout d’abord, la remise en selle par
Albert II en personne de l’homme aux trois échecs, Yves LETERME.
Sans doute pour un quatrième dans quelques semaines. N’anticipons
pas, mais il sera, cette fois, difficile aux politiques de mettre
sur pied un scénario cousu de fil blanc comme celui qu’ils nous
ont servi à la mi-juillet : démission du Premier Ministre,
unanimité (suspecte s’il en est) au sein de la majorité pour
le maintenir en place (brusquement celui-là même qu’on affublait
de tous les travers et de tous les défauts la veille encore
devenait un incompris bourré pourtant de qualités) ; refus
du Roi de rendre cette démission opérationnelle, qui chargeait
le gouvernement d’une mission essentiellement socioéconomique,
le volet institutionnel étant confié à trois conciliateurs :
LANGENDRIES, de DONNEA, LAMBERTZ ; à charge de ces derniers
d’explorer les pistes pour une réforme de l’Etat en profondeur.
Quelques jours plus tard, ceux-ci font rapport et le débat est
reporté à septembre. Puis plus rien ou presque : des broutilles.
Une interview de Bart DE WEVER selon laquelle il n’existerait
point de minorités en Flandre mais des émigrants dont sont les
Francophone et qui doivent s’adapter, propos qui lui ont valu
des menaces de mort. Un peu plus tard, une sortie de DEDECKER
proposant contre la scission de BHV un retour à une représentation
démocratique des Flamands à Bruxelles (surreprésentés eu égard
à leur nombre). Enfin, à quelques heures du long week-end de
l’Assomption, le retrait à Lennik des drapeaux belges des bâtiments
communaux. Bref, pas de quoi rameuter nos édiles fédérales,
toutes en vacances.
Mais l’essentiel, pour nous, était ailleurs.
Au Parlement wallon qui a adopté entretemps une résolution relative
à une réforme en profondeur de l’Etat. Résolution qui vient
avec sept années de retard par rapport à une résolution semblable
du côté du Parlement flamand. Mais mieux vaut tard que jamais.
La cacophonie que nous avons connue depuis les dernières élections
fédérales a au moins eu ce mérite-là.
Quelle est la teneur de cette dernière ?
Nous ne pouvons qu’inviter nos lecteurs et sympathisants à la
lire attentivement ci-dessous. En attendant immanquablement
de nouvelles velléités dans les prochaines semaines. D’autant
que le Président de la Communauté germanophone,LAMBERTZ, a déclaré
douter de la possibilité d’une telle réforme avant les élections
régionales de juin prochain. Propos qui n’ont pas plu à Yves
LETERME qui, lui, y croit toujours. Il est, certes, des fois
qui soulèvent les montagnes. Encore faut-il que ceux qui en
font profession aient la volonté et les capacités pour y arriver.
Qu’il nous soit permis de douter de l’une comme des autres.
Bernard DE COMMER.
Bulletin
N°45
Une
rentrée plutôt chaude....
Les trois premières semaines de septembre ont
été marquées par des soubresauts en matière institutionnelle,
comme il fallait évidemment s’y attendre. Elément déclencheur
: le rapport au Roi des 3 médiateurs. Celui-ci ne brille pas
par son originalité mais contient toutefois un élément qui nous
paraît essentiel : pour la première fois dans notre (jeune)
histoire fédérale, ce sont les entités fédérées qui vont débattre
entre elles des réformes à apporter en matière institutionnelle.
Cela ressemble à s’y méprendre à une stricte démarche confédérale.
A cela est venu s’ajouter l’éclatement du cartel CD&V/NVA.
On pouvait s’attendre, dans un premier temps, à un durcissement
des sociaux chrétiens flamands amputés de leur alibi nationaliste.
Il semble qu’il n’en a rien été. Pure stratégie sans doute.
N’empêche, Bart DEWEVERE n’en a pas moins accusé son ex-conjoint
politique de participer à un gouvernement de Vichy. Sous-entendu
: Vichy collaborait avec l’ennemi. Cet ennemi, aujourd’hui,
ce sont les francophones. Comparaison saisissante, s’il en est,
dans la bouche d’un historien. Quoiqu’il en soit, il n’est du
tout certain que la mise au coin du parti nationaliste flamand
facilitera les débats. Qui vivra verra.
Puis survint la crise financière aux Etats-Unis,
la faillite de certaines banques d’investissement et, chose
surprenante, dans un Etat qui se veut ultra libéral, l’intervention
massive de fonds publics pour les maintenir à flot. Motif invoqué
de cet interventionnisme : sans cela, c’est tout le système
économico-financier du pays qui s’effondrerait. Le plan PAULSON,
dans sa première mouture, a cependant été rejeté par le Congrès.
Les raisons de ce rejet sont aussi multiples qu’il y a de représentants
: trop peu interventionniste pour certains démocrates, trop
pour certains républicains et, enfin, à notre sens le plus évident,
pas assez social. Quid des milliers de ménages américains laissés
sur le carreau par les cadors du marché du crédit hypothécaire
? Quelques jours plus tard, par ricochet (mais seulement tant
il est vrai que des lacunes sont apparues dans le management
du groupe), il y eut FORTIS, lui aussi renfloué par de l’argent
public, c’est-à-dire, ni plus ni moins, (re) nationalisé. Et
au moment de clôturer le présent éditorial, ne voilà-t-il pas
qu’on parle de DEXIA chez nous et d’autres institutions en Grande-Bretagne
et en Allemagne? Avec FORTIS et DEXIA, on ne parle plus de fonds
spéculatifs, de banques d’investissements et autres intermédiaires
pour capitalistes jouant en Ligue des Champions pour reprendre
une appellation qui dit bien ce qu’elle veut dire. Non, ici,
on parle de banque de dépôts, la banque du simple particulier.
Dans un cas comme dans l’autre, ce sont les victimes de l’inconscience
des dirigeants qui vont payer les pots cassés: au niveau de
leur emploi, mais aussi via les impôts, c’est-à-dire via leur
part contributive au fonctionnement de l’Etat. En attendant,
les responsables, eux, s’en tireront bien. Et je ne pense pas
que M. LIPPENS et autres consorts , malgré « une sortie sans
gloire » comme titrait LE SOIR dans son édition du 29 septembre
dernier, se retrouvent sur la paille. Les parachutes dorés vont
fonctionner à plein. Il n’est pas inutile de rappeler que l’Europe
autorise évidemment la capitalisation d’état, pour autant qu’elle
ne nuise pas à la concurrence et qu’elle fût de courte durée.
L’Etat injecte donc de l’argent, puis, le navire renfloué, se
retire. Concluons par souligner, avec quelque ironie, que c’est
ce même FORTIS qui entre 1993 (achat de 50% de la CGER à l’Etat)
et 1998 (100% de la CGER qui disparaît) et DEXIA qui fit de
même avec le Crédit Communal.
Mais il nous semble qu’on ne peut en rester là sans remettre
en question le capitalisme et son pendant le libéralisme économique.
En 1938, aux portes de la seconde guerre mondiale,
Elie BAUSSART dénonçait, dans Essai d’initiation à la Révolution
anticapitaliste « l’organisation capitaliste – incurable aveuglément
! – (qui) s’inquiète fort peu de la répartition. Ou plutôt (qui)
l’a organisée de telle façon qu’elle a fait et fait toujours
en sorte de gonfler les gains de la toute petite majorité des
grands capitalistes et de compresser les revenus des masses
». A lire et relire ces lignes, on a le sentiment qu’elles ne
datent pas d’il y a septante ans, mais qu’elles viennent d’être
écrites tout juste hier.
A tout le moins, pensons-nous, le système libéral
ne peut être livré à lui-même au motif qu’il s’autorégule. Il
ne le fait pas. Le Fonds de protection des dépôts et des investissements
financiers chez nous permet une certaine protection des épargnants
et actionnaires privés à concurrence de 20 000 EUROS en tout
cas. Mais les régulateurs nationaux démontrent par l’absurde
leur inefficience : ils n’exercent que le contrôle des acteurs
financiers dans le meilleur des cas. Quid des fonds spéculatifs
? Il n’y a dans les faits aucun contrôle sur les produits mis
sur le marché. M. LETERME, en Commission de la Chambre le 30
septembre dernier, affiche à demi-mots toute son impuissance
lorsqu’il répond à M. NOLLET l’interpellant sur l’impact économique
des mesures prises : « Aurait-il mieux valu ne rien faire ?
»
Le très libéral Didier REYNDERS, de son côté,
ne nous convainc guère quand il déclare sans vergogne que «
l’Etat n’a jamais failli à ses obligations » et qu’il « n’est
pas question qu’il change jamais », arguant du fait que FORTIS
est LE pilier financier belge. Non que nous en doutions, mais
que sa réflexion s’arrête aux 4,7 milliards injectés par la
Belgique pour renflouer FORTIS frise l’indécence. On n’oubliera
pas qu’il en manque autant pour clôturer le budget.
Le système capitaliste a sans doute, via l’économie
de marché, apporté une certaine prospérité au monde occidental
mais au prix d’un appauvrissement éhonté du Tiers-Monde et de
millions de chômeurs. Nous pensons que le modèle capitalise
ne peut être l’ultime étape de l’histoire économique et sociale
de l’humanité. Certes, après l’effondrement d’un système concurrent
qu’était le socialisme et son économie planifiée, nous ne pouvons
dire très précisément quel pourrait être le nouveau modèle.
Mais, comme Elie BAUSSART alors, nous pouvons en deviner les
contours et œuvrer pour son avènement : « la preuve est faite
-en marchant- qu’une civilisation matérialiste conduit à la
catastrophe l’homme subordonné à la matière (dont l’argent est
le signe grâce auquel elle s’achète), servie comme un dieu,
étouffe faute d’air et de justice, et se révolte ». Ce nouveau
modèle de société ne peut être que celui d’une société faite
pour l’homme et par l’homme. En un mot comme en cent : une société
humaniste.
Espérons que ce qui vient de se passer permettra
une prise de conscience de l’ensemble des citoyens sur le modus
vivendi qu’ils sont en droit d’attendre et qu’ils ont le devoir
de bâtir là où ils sont, à l’échelle où ils sont.
En ce qui nous concerne, en tout cas, nous ne
pouvons que redire notre refus d’un système où on privatise
quand les bénéfices sont au rendez-vous et on nationalise quand
les affaires vont au plus mal.
Bernard et Nicolas DE COMMER.
P.S : les choses décidément vont vite : au moment
de mettre sous presse, suite au désistement des Pays-Bas, FORTIS
est désormais française. Le bancassureur est détenu à 75% par
BNP Paribas, l’Etat belge étant actionnaire principal (11%).
Bulletin N°46
2008
: une année plutôt chahutée....
L’année 2008 s’achève comme elle avait commencé
en quelque sorte : sur fond de polémique institutionnelle. On
aurait pu croire le problème, si pas enterré, à tout le moins
mis au frigo, en regard de la crise financière mondiale et de
ses aléas en matière économique et d’emploi. Pas du tout : voilà
que le Ministre flamand des Affaires Intérieures repasse les
plats en refusant la nomination de trois bourgmestres de la
périphérie bruxelloise. Certes, il est resté égal avec lui-même
et la vision flamande des choses et cela n’a en soi rien d’étonnant.
Par contre, c’est le moment choisi qui surprend. Car cette décision
n’avait rien d’urgent et on aurait voulu mettre en difficulté
les négociations institutionnelles mi-secrètes se tenant pour
l’heure qu’on ne s’y serait pas pris autrement. Nous n’avons
pas l’intention de nous prononcer sur les arguments avancés
par les uns et les autres en cette affaire. Relevons simplement
qu’il s’agit là d’une matière hautement symbolique, révélatrice
une fois de plus du fossé qui sépare le Nord et le Sud du pays.
D’un côté, une insistance particulière sur le droit des gens
à élire qui ils veulent ; de l’autre, un arrimage inconditionnel
à la notion de territoire et aux implications culturelles qu’il
implique. D’un côté, une certaine forme de complexe de supériorité
donnée par une langue un temps universelle ; de l’autre, un
réel et récurrent complexe d’infériorité culturelle que rien
décidément n’atténue.
Cela étant, il faut bien se l’avouer, en matière
institutionnelle les partis francophones toutes tendances confondues
ont fait montre d’une tiédeur, voire d’une imprévoyance et d’une
naïveté sans bornes. Arnold d’Orez, l’un de ces bourgmestres
floués, déclarait dans une interview au journal LE SOIR que
le problème était, en fait, que « du côté francophone nous sommes
restés attachés à la Belgique, et qu’on a alors consenti à des
compromis successifs en espérant arrêter la machine. Illusion
! » (26/11/08). Comme nous l’avons à maintes occasions souligné,
c’est bien cet attachement, cette forme de sentimentalisme désuet,
à la Belgique, qui est à l’origine de la problématique institutionnelle.
Si au fil de ce qu’Arnold d’Orez qualifie de « compromis successifs
», les hommes politiques wallons, entre autres, s’étaient montrés
plus vindicatifs quant au remodelage d’une Belgique confédérale,
on aurait pu depuis belle lurette se concentrer sur ce qu’Elio
DI RUPO appelle « les vrais problèmes des gens », ignorant que
c’est précisément son attitude belgicaine (et celle de ses collègues
francophones) qui est en bonne partie responsable de l’enlisement
institutionnel actuel. La réaction conjointe PS/CDH/ MR à l’initiative
du Ministre flamand KEULEN, immédiatement soutenu par l’ensemble
des partis politiques flamands, à savoir celle d’un octopus
où aborder les problèmes qui fâchent comme BHV, etc, nous laisse
sans voix. Au pays du surréalisme, c’est sans doute de bon ton,
mais quand même…
Pour le reste me direz-vous ? Et bien çà va.
La crise financière suit son petit bonhomme de chemin. A l’étranger,
on notera la quasi mort clinique du géant bancaire mondial Citigroup
plus d’une fois réanimé par le gouvernement américain au cours
des derniers mois. En Belgique après les sauvetages plus ou
moins heureux des grandes banques FORTIS, DEXIA et KBC vint
le tour en octobre de l’assureur ETHIAS lui-même acculé par
des spéculations folles. Ensuite ? Plus rien ou presque (!)
si ce n’est que le tribunal de commerce a officialisé la future
reprise des divisions belges banques et assurances par le français
BNP PARIBAS – admettons néanmoins qu’il s’agit d’un raccourci
et d’une grossière synthèse de la situation mais c’est le résultat
qui compte. Plus grand-chose de neuf depuis sur le front financier
belge depuis lors, si ce n’est, et on applaudit des deux mains,
la création d’une banque wallonne annoncée fin Novembre par
le gouvernement régional et qui prendra effet à partir de 2009.
Cet organisme, qui ne dira pas son nom car le vocable « banque
» est jalousement « régulé » par le gendarme financier CBFA.
Concrètement il s’agira de récolter l’épargne des wallons, moyennant
intérêt, et de le réinvestir dans des projets structurants sur
le territoire régional générateur d’emplois locaux. Il s’agit
ici à notre sens de la première (seule ?), et on ne pourra que
s’en réjouir, réponse structurelle apportée à la crise en Belgique,
si ce n’est en Europe ! Pour l’anecdote et quitte à rendre à
César, ce point était déjà au programme du Rassemblement Wallon
en plein milieu des années septante, lequel s’inquiétait alors
de voir l’épargne populaire financer le développement économique
de la capitale et de la Flandre.
Mais encore : la lame de fond ? Si, si, celle dont on parle
depuis le début de l’implosion du système financier mondial,
la contagion à toute l’économie quoi ! Ben, ça y’est ! Tous
les secteurs commencent à la voir venir. Aux USA d’abord, toujours
leader dans tous les domaines et dont le secteur le plus touché,
l’automobile, va être secouru à grand frais, mais également
au Japon ou en Europe. Les indicateurs passent au rouge : le
chômage qui augmente, la croissance en chute libre, les divers
baromètres de confiance des ménages, entrepreneurs,… C’est donc
la récession qui frappe à nos portes en ce début d’hiver. Mais
il parait qu’une forte réponse des pouvoirs publics permettra
de juguler les hémorragies. Tout d’abord, l’UE s’est discréditée
en ne parvenant pas à se mettre d’accord sur une stratégie à
long terme et concertée pour y répondre : on se contentera donc
de cet inventaire vague de mesures disparates prises par les
états membres au gré des desiderata ou des évènements. Et on
n’a pas entendu une seule fois le mot social. Des chiffres ?
Oui au moins un : l’addition des promesses de chaque pays. On
n’est pas très loin d’un Téléthon… En Belgique le gouvernement
vient de trouver une solution, qu’il appelle plan de relance
: une baisse ciblée et temporaire de la TVA sur la construction
(pourquoi elle et pas d’autres ?), une revalorisation des victimes
du chômage économique et le financement de l’accord interprofessionnel.
Et pendant ce temps là les travailleurs wallons casquent, que
ce soit dans la sidérurgie, la pharmacie, la finance,… Soit,
des pertes d’emploi sous le sapin !
Cette fin d’année et plus encore celle qui nous
attend ne se présentent donc pas sous les meilleures auspices.
Nous ne souhaiterons pas à nos lecteurs et sympathisants une
bonne et heureuse année 2009, mais une année de luttes, de combats
au plan institutionnel comme au plan économico-financier avec
la volonté de construire une Wallonie plus autonome et une société
où l’homme – et non le profit- est au cœur de la société. Comme
écrivait Elie BAUSSART : « A côté de l’asservissement de naguère
dans la brutalité, nous ne savons pas si le système actuel ne
l’emporte pas en inhumanité. L’esclave d’hier pouvait parfois
se donner l’illusion d’être encore lui sur le travail : c’est
une illusion à laquelle doit renoncer celui d’aujourd’hui. Cet
attentat contre la personne devenu la norme du régime capitaliste
comme tel suffirait à condamner celui-ci ». (Essai d’initiation
à la Révolution anticapitaliste. 1938).
Bernard et Nicolas DE COMMER.
Bulletin N°47
Davos
ou Belém : un choix de société.
Fin janvier, Davos, en Suisse, et son Forum
annuel économique. A des milieux de kilomètres de là, Belém,
au Brésil. Et son Forum social. D’un côté, la crème des décideurs
politiques et économiques ; de l’autre, essentiellement ceux
que les premiers qualifient de gauchistes et d’écologistes,
plus, quand même les présidents de cinq pays socialistes d’Amérique
latine.
A nos yeux, c’est tout un choix de société qui s’affiche là.
Les organisations syndicales belges – FGTB et CSC- étaient en
nombre à Belém, après avoir des années durant snober le mouvement
altermondialiste. Interviewée dans LE SOIR du 2 février 2009,
Anne DEMELENNE, secrétaire générale de la FGTB, expliquait sa
présence à Belém ainsi : « On ne va pas attendre de ceux qui
ont créé les problèmes qu’ils proposent des solutions qui iront
dans le bon sens ». Nous partageons évidemment ce point de vue
: ce n’est pas à Davos que des propositions alternatives au
capitalisme et au néolibéralisme sont susceptibles d’être dégagées.
Et pour tout dire, Davos est une montagne qui a accouché d’une
souris. Certes, « présidents, ministres et patrons ont eu du
mal à cacher leur désarroi face à une crise qui menace la mondialisation
tant célébrée année après année en Suisse » (LLB du 31 janvier
2009), mais la seule piste évoquée pour tenter de s’en sortir
est celle exprimée par Angela MERKEL d’une « charte pour le
nouvel ordre économique ». Soit rien de bien marquant et dont
plus personne ne parlera dans quelques semaines. Et d’ailleurs
les médias ont essentiellement mis en avant, d’une part, « les
soirées moins fastueuses et les buffets revus à l’économie »
et, d’autre part, l’altercation à propos de la guerre à Gaza
entre le premier ministre truc ERDOGAN et le président d’Israël
SHIMON PERES.
A Belém, c’est de la triple crise économique, climatique et
de gouvernance que subit la planète dont il a été question.
On estime que 100 000 personnes ont pu s’exprimer à ce propos
via des colloques, événements et autres ateliers. Le message
global qui en est sorti est celui d’une condamnation sans équivoque
du capitalisme et d’un « autre monde possible ».
Les contours de cet autre monde possible restent encore flous,
certes. Comme toutes les utopies en marche, on sait où l’on
va, mais pas vraiment par quels chemins. Et ici d’autant plus
que le mouvement altermondialiste est constitué d’une myriade
de mouvements : Green Peace, les Amis de la Terre, Amnesty International,
la Fédération internationale des Droits de l’Homme, ATTAC, …,
que fédère essentiellement leur volonté de dénoncer les politiques
économiques et ses inspirateurs (OMC, G8), les grands organes
financiers (FMI, Banque Mondiale) et celle de revendiquer l’annulation
de la dette du Tiers-monde.
Si bien sûr il n’était pas question de mouvement altermondialiste
à l’époque d’Elie BAUSSART (et pour cause, ce mouvement est
né officiellement en 1999), il n’empêche que celui-ci s’est
à maintes reprises exprimés sur des sujets que ce mouvement
met en avant. Ainsi, par exemple, écrit-il en 1938 : « Comme
système de production, certes il (le capitalisme) est capable
de gagner l’enjeu. Comme mode de répartition, sa faillite est
patente ». (Essai d’Initiation à la Révolution anticapitaliste).
Ou, dans LE SOIR du 4 mai 1955 : « Le système désigné sous le
nom de colonialisme est en vie de disparition. Les pays privilégiés
de l’Ouest par l’avance de leurs techniques, ne pourront plus
longtemps prélever sur les moyens d’existence de l’immense majorité
des hommes, de quoi assurer leur prépondérance économique et
politique. Les éléments d’une solidarité intercontinentale,
telle qu’elle vient de s’ébaucher à Bandoeng*, se rassemblent
: solidarité de pauvres et de démunis, sans doute, mais que
leurs immenses ressources, dès qu’elles seront utilisées, par
leur ardeur à agir dans un système approprié, conduiront à la
prospérité et, par elles, à la puissance ». S’il n’est plus
question en soi de colonialisme comme tel, personne n’osera
affirmer que la dépendance vis-à-vis de l’Occident reste entière,
ne serait-ce que eu égard à la dette du Tiers-Monde.
Et donc, en ce début de 21ème siècle, il reste beaucoup à faire
pour libérer les hommes, libérer l’Homme, d’un système qui l’aliène
et est en train dé détruire la planète. C’est le message de
Belém. Par quoi ce système sera-t-il remplacé ? Bien malin qui
pourrait le dire aujourd’hui, mais comme l’écrivait Elie BAUSSART
: « Le système capitaliste est étendu au monde entier : il faut
que la réforme soit assez générale pour que, dans les derniers
refuges qu’il aura trouvés, ce soit à lui de se plier aux nécessités
et aux lois d’une économie socialisée, et de faire son évolution
pour rejoindre cette économie. De formes et des normes de cette
économie, nous sommes assez prudents pour n’en point prédire
et pour compter ici sur les inventions et les adaptations successives
en fonction du but à atteindre, des ressources et des possibilités
du lieu et du moment. Mais de quoi nous sommes convaincus, c’’est
que la révolution doit être universelle et que, plus rapidement
elle s’étendra, moins douloureuses seront les convulsions dont
elle s’accompagnera. De quelle idée devrait s’inspirer cette
révolution pour ne pas finir par une nouvelle barbarie ? Nous
n’hésitons pas à répondre : de l’homme ».
Nul doute que si Elie BAUSSART avait encore été de ce monde,
il eut préféré, et de loin, se rendre à Belém plutôt qu’à Davos.
Bernard DE COMMER.
* Dans cette ville de Java, les anciens pays coloniaux avaient
défini les grandes lignes pour activer le processus de libération
des peuples encore colonisés. Pour la Belgique cela déboucha
sur un plan de décolonisation en 30 ans !
Bulletin N°48
L’enjeu
des élections de juin 2009 : gauche ou droite, vraiment ?
Cette fois, on peut l’affirmer, chiffres à l’appui,
la Belgique est en récession. Les statistiques de la B.N.B sont
sans équivoque : le recul de l’activité économique se situe
à 1,6%. Il n’était pas besoin de tels chiffres pour s’en convaincre :
chômage technique (que le patronat souhaitait d’ailleurs étendre
aux employés) et licenciements se sont multipliés un peu partout.
C’est sur fond de crise que vont se dérouler
les élections régionales et européennes de juin prochain. Et
cette crise pose évidemment la question du type de société que
nous souhaitons et, surtout, de la place que l’Homme doit y
occuper.
Un 1er mai en pleine campagne électorale devait
apporter quelque éclairage quant à la réponse à donner à notre
questionnement. Cela fut-il le cas ?
« Il est exclu, affirme Elio DI RUPO, de
faire payer aux citoyens les conséquences de la crise de la
crise libérale ». Quant à l’austérité qu’on nous annonce :
« cela reviendrait à faire payer deux fois aux gens la
folie libérale », la première étant l’argent public octroyé
aux banques. Et de plaider pour que « le Ministre des finances
fasse son travail ». Lisez : qu’il lutte contre la
fraude fiscale évaluée à 10 milliards d’euros. S’il invite à
une « mobilisation progressiste » pour « combattre
la droite », tout comme à Tournai le Ministre DEMOTTE plaidant
pour une « majorité absolue de gauche » (lisez un
Olivier), force est de constater que dans aucun discours il
n’est question d’un nouveau type de société.
Du côté de la F.G.T.B, on est un peu plus martial,
mais tout juste : « Je lance ici un avertissement
clair au monde politique, aux employeurs : on ne paiera
pas la note une troisième fois ». Soit, mais après ?
La CSC, par la voix de Claude ROLIN, ne dit rien d’autre :
« Les salariés et allocataires sociaux qui font déjà les
frais d’une crise qui n’est pas la leur, ne peuvent payer une
nouvelle fois l’addition au travers d’atteintes à la sécurité
sociale et au pouvoir d’achat ». Et de plaider pour une
réforme du système.
A Jodoigne, le M.R tient aussi un discours réformateur
(sans jeu de mots). Louis MICHEL déclare que « le capitalisme
n’est pas un projet de société et n’est donc pas synonyme de
libéralisme ». Et d’ajouter qu’il « faut changer le
système. Mais le système, en Wallonie, c’est le socialisme ».
On est en droit de se demander où en Wallonie il y eut jamais
un système socialiste en place. Mais Louis MICHEL mêle tout
à dessein.
Le capitalisme est-il vraiment gérable ?
Le peut-on, comme les socio-démocrates que sont PS, CDH et ECOLO
et les libéraux du MR le pensent ? Si c’était possible,
on le saurait. On ne peut certes renier les acquis de la sociale
démocratie, mais force est de constater que les rapports de
force qui jouent un temps pour les travailleurs, in fine se
retournent contre eux.
Elie BAUSSART, juste avant la seconde guerre
mondiale, parlait, lui, d’une révolution anticapitaliste, pas
d’une réforme. Deux modèles anticapitalistes s’affrontaient
alors : le socialisme porté par l’U.R.S.S et le fascisme
de MUSSOLINI et de HITLER. Ces deux modèles ont fait faillite
et sans conteste faut-il s’en réjouir. Mais le capitalisme et
le libéralisme sont toujours bien là. Et ces deux-ci sans concurrence
depuis la chute du Mur de Berlin.
Comment Elie BAUSSART, il y a presque trois-quarts
de siècles, imaginait-il cette révolution anticapitaliste ?
« Imaginait-il », car selon ses propres termes « les
possibilités sont immenses, quoique imprévisibles scientifiquement
à l’heure actuelle ». Sa vision des choses était la suivante :
« Que nous nous acheminions vers une libération du travail,
ce n’est guère contestable ; que le travail devienne, dans
l’entreprise, l’associé du capital, on peut le prévoir ;
que les organes représentatifs du travail dans les institutions
corporatives étendues de l’industrie à l’économie nationale,
y disposent d’un pouvoir égale à celui du capital, il est permis
de l’entrevoir ; que le travail assume la direction et
la responsabilité de l’entreprise dans un régime d’économie
nationalisée ou collective, l’hypothèse n’est pas absurde. De
là à la conquête de l’Etat, il n’y a qu’un pas : le travail,
conscient de sa force, n’hésitera pas à le franchir »
Le lecteur admettra aisément qu’un tel discours
est autrement plus révolutionnaire que ceux entendus ici et
là, ce 1er mai et que les programmes que nous proposent en tout
cas les grands partis politiques démocratiques. Cela étant,
il faudra bien que l’électeur se prononce. Le dernier mot lui
reviendra, mais nous craignons fort que, à défaut de grives
il lui faille manger des merles.
Bernard DE COMMER.
___________________________________________________________________________
CRISE QUAND TU NOUS TIENS...
Billet d’humeur par Nicolas DE COMMER.
Puisque la grippe porcine, ou mexicaine c’est selon, ne nous
aura pas tenu en haleine suffisement longtemps, parce que d’autres
que moi vous parleront des enjeux des futures élections, ou
encore que l’élection d’Obama n’a finalement rien changé à la
face du monde, la liste est encore longue...
Bref, je m’y perds, pour toutes ces raisons, évoquées ou non,
je n’aurai d’autres choix que de vous parler une fois de plus
de la Crise, avec une majuscule car d’aucuns proclament que
c’est la plus pire, ou la plus mieux: c’est quif quif... Quoi
de neuf me direz-vous? Ben, c’est assez dire que pas grand chose!!!
Les entreprises licencient à tour de bras avec une rapidité
et une ruse que n’aurait pas renié un Lucky Luke, l’industrie
automobile ne va toujours pas mieux si bien que si cela continue
on devra peut être prendre le train, et l’épopée Fortis semble
s’approcher de son épilogue.
Sur ce dernier point, j’ai presqu’envie de dire que cela va
nous manquer, ces hordes déconfites de petits actionnaires qui
hurlaient à qui veut l’entendre que c’était même pas de leur
fautes, et qui à défaut d’incendiaire s’ennorgeuilait de tirer
sur le pompier. Mais qu’est-ce qui nous manquera le plus finalement
dans cette farce des temps modernes? Personellement, je m’étais
pris d’affection pour le petit timonier, avocat à ses heures
perdues, qu’est notre cher et tendre M.MODIKRAMEN. Pas vous?
Sa manière d’harenguer les foules avec ses grands airs, et pire
ou mieux, ses diatribes poujado-fascisantes. Je m’avance un
peu, mais la comparaison n’est pas (que) de moi, elle est l’oeuvre
d’un petit actionnaire – comme quoi ils sont pas tout pareils
– au JT de la RTBF le jour du vote.
Dnas un autre idée, avez-vous vu le très intéressant Complément
d’enquête de FR2 du lundi 04 mai 2009? On y montrait toute la
détresse des travailleurs de Continental qui, sur un coup de
sang bien compréhensible, et face à l’absence d’intérêt des
cadors économiques et ou politiques vandalisaient une sous-préfecture
et un poste de garde de leur usine. Et puis on voyait leur patron
séquestré, le pauvre, pendant 26 heures, et qui, s’il comprenait
“l’inconfort” de ses travailleurs au regards de leurs efforts
vains en termes de temps de travail et de revenues, n’admettait
pas leur colère. Surprenant… Le plus amusant, et j’en terminerai
là, l’invité Alain MINCK *, s’en offusquait lui même. Regrettant
au passage la faiblesse des syndicats en France, il s’est quand
même permis de préciser qu’à l’échelle française, seuls 10%
de la population souffraient réellement en ces temps obscurs,
le reste vivant ses meilleures années… Franchement, si on le
dit très vite, ça a l’air presque vrai…
* Pour ceux qui ne le connaitraient pas :
il est patron, membres de conseils d’administration divers,
penseur, auto labellisé “ami des partons” et, on fait parfois
bien les choses, ami personnel de Nicolas Sarkozy
Bulletin N°49
Yes,
we camp ... ou comment dire toute la déglingue du
monde
Yes, we camp! Oui, nous campons! C'est par ce
cri plagiant le slogan d'Obama en campagne électorale que les
membres du G8 ont été accueillis à L'Aquila, capitale des Abruzzes.
Le 6 avril dernier cette région était dévastée
par un tremblement de terre où périrent 299 personnes et qui
a laissé pour compte 23 000 sinistrés parqués dans des camps
de toile, sans compter quelque 30 000 personnes relogées vaille
que vaille jusqu'à 100 km du l'épicentre de la catastrophe.
Les Obama, Merkel et Medvedev, escortés par un Berlusconi en
quête d'une réhabilitation de son image,avaient la mine renfrognée
de circonstance. Mais avaient-ils conscience de ce que ces ruines
sont à l'image du monde qu'ils prônent? Ces camps, bien sûr,
font penser à d'autres camps: en Palestine, au Soudan, à l'est
du Congo, camps qui existent du fait des hommes, eux, et non
des éléments naturels déchaînes. Mais aussi à ce milliard d'hommes
sous-alimentés et à ces 2 milliards de pauvres de par le monde,
victimes eux des pays riches – dont nous sommes- et qui font
la course au profit à tout crin. Et qui frappent ces mêmes hommes
doublement en émettant quelque 50 % de gaz à effet de serre,
générateurs de réchauffement, de sécheresse, ici, ou inversement
d'inondation ailleurs.
A moins que leur mine renfrognée ne vienne de
ce que ce G8 s'en va à vau l'eau et n'est plus le symbole tant
vanté par l'Occident de la réussite du capitalisme mais le constat
de son échec à gérer équitablement la planète. Désormais, ceux
qui font la pluie et le beau temps en matière économique ce
sont les nations émergentes comme la Chine, l'Inde et le Brésil.
Ce n'est guère mieux, convenons-en. Et cela n'ajoutera que d'autres
miséreux à la cohorte de ceux existants déjà. Chez nous, y compris.
D'ailleurs, le G8 dit craindre une « instabilité sociale »,
pour ne pas dire des troubles sociaux majeurs.
On nous annonce pour septembre un G20 à Pittbul
aux U.S.A qui devrait décider plus largement du sort de la planète.
Elie BAUSSART, en 1955, écrivait que « le balancier de
l'Histoire dans sa course incline vers l'Orient... L'axe du
monde se déplace. Il court de la Méditerranée au Pacifique par
l'Océan indien » et d'en appeler à une « révolution
économique ». La première partie de sa pensée est indéniablement
en voie de se concrétiser. Qu'en sera-t-il de l'autre, de cette
« révolution économique » qu'il appelait de toutes
ses forces? Le G20 sera-t-il à même de la réaliser? Rien n'est
hélas moins sur. Au point que Benoît XVI, que personne ne soupçonnera
d'être un gauchiste, revendique, à son tour, une « véritable
autorité politique mondiale pour gouverner l'économie mondiale »
A défaut, la planète sera condamnée à de bien
sombres perspectives d'avenir.
Bernard DE COMMER.
Quand
la F.E.B parle de la sécurité sociale…
Abonné à la newsletter de la FEB, c’est avec
beaucoup d’intérêt que j’ai pris connaissance du point de vue
de M. Piet TIMMERMANS, son directeur, pas moins sympathique
au demeurant, sur l’avenir de la sécurité sociale! Mes commentaires
en gras et notés : N. D.C
Nicolas DE COMMER
La sécurité sociale: une Rolls
Royce avec un moteur de 2CV ?
Commentaire N.D.C : Non,
un moyen de transport en commun, un formidable outil de solidarité
pour le quel on achèterait son ticket à un tarif
fixé en fonction de ses ressources... En tout cas c'est comme
cela que cela devrait être!Depuis quelques jours,
les premières estimations relatives au déficit dans le secteur
de la sécurité sociale sont connues : au minimum 2,5 milliards
d'euros cette année e et plus de 5,5 milliards en 2010. Et les
perspectives ne sont pas bien meilleures pour les années suivantes.
Il est désormais évident que la sécurité sociale dépense "structurellement"
(c'est à dire indépendamment de la conjoncture défavorable)
quelque 4 milliards de plus qu'elle n'a de recettes. En d'autres
termes : nous voudrions rouler en Rolls Royce, mais avec un
moteur de 2CV.
Commentaire N.D.C : La
question du moteur ne se pose pas tant, le vrai nœud du problème
est le carburant! De plus, oui le budget de la sécurité sociale
n'est par défaut pas toujours liée aux performances de l'Économie
: en tant de crise, les gens n'arrêtent pas d'être malades,
le chômage ne diminue pas (j'ai presque honte de le lui rappeler)
et les ressources n'augmentent pas alors que les dépenses bien
(idem)!
Par facilité, les syndicats revendiquent bien sur une
augmentation des recettes, via un impôt sur la fortune, une
cotisation sociale générale, plus de taxes sur l'industrie pharmaceutique,
etc. S'agit-il d'une stratégie durable ? Non. Elle peut Éventuellement
résoudre une partie du problème à court terme, mais Ã
long terme cela revient à scier la branche sur laquelle
on est assis. Pourquoi ? Parce que ces beaux slogans fiscaux
cachent en fait une opération unique de relèvement des impôts
pour les actifs âgés de 25 à 50 ans. J’attends avec impatience
les propositions concrètes visant à taxer ceux qui ont
investi leurs économies dans une maison ou les ont placées sur
un compte. Un impôt sur la fortune, qui toucherait quelque 10.000
'riches', ne permettra pas non plus de combler le déficit structurel
de 4 milliards d’euros, mais entraînera la fuite de ces capitaux
à l’Étranger. J’entends déjà certaines personnes
dire qu’il n’y a plus qu’à se tourner vers les entreprises.
Si l’on veut compromettre la relance économique, porter un coup
à l’industrie ou aux services et donc à l’emploi,
alors attaquons-nous aux boeufs qui tirent la charrue. Le moteur
2CV de notre Rolls Royce ne tardera pas à caler.
Commentaire N.D.C : Malheureusement,
il ne s'agit pas de facilités, mais d'ambition! La seule facilité
est une position néolibérale où¹ l'on abandonne tout comme M.
Timmermans semble le suggérer : tout privatiser, oui cela
rapportera de l'argent aux riches et coûtera moins à l'Etat.
Mais qu'en coûtera-t-il à la société? Aux travailleurs
moyens et pauvres, la grande majorité d'entre nous, je vous
rappelle au passage. Eh bien oui, les syndicats visent la justice
sociale, et croyez-moi c'est autrement plus difficile que la
loi du plus fort! Nous sommes par contre d'accord : n'augmentons
plus la charge sur les travailleurs qui payent déjà deux
fois le coût d'une sécurité sociale (via des prélèvements sur
salaires et via la TVA) qui est loin d'être idéale. Du
concret? En voici : taxons les grandes fortunes (si quelques-uns
s'en vont, cela changera-t-il grand chose vu qu'ils ne
participaient de toute façon pas? Les abords de l'Avenue Louise
seront peut être un peu moins glamour, mais à par cela ?),
taxons les revenus du capital comme ceux du travail (c'est cela
la solidarité et cessons les cadeaux fiscaux aux entreprises,
ou tout le moins pour être réalistes lions les fermement à
la création d'emploi de qualités. Et remettons l'église au milieu
du village : ce sont les travailleurs qui tirent la charrue
et créent la richesse, pas les entreprises!
Nous devons donc changer de cap. Oser aujourd’hui décider de
mesures structurelles qui auront au fil des années un impact
grandissant. Nous devons vivre selon nos moyens. Les chiffres
de la sécurité sociale montrent parfaitement où le bât blesse.
En voici quelques exemples :
1. Le chômage augmente, or le nombre
de fonctions critiques demeure élevé.
Commentaire N.D.C : Pas totalement faux,
mais dans un rapport de un pour six : s'il est évident qu'il
faille les remplir, on est loin de régler la question du chômage
avec ce seul point, soyons un peu réaliste m 'enfin! Et créons
de vrais emplois.... Notre espérance de vie est de plus en plus
longue, mais nous souhaitons sortir relativement tôt du marché
du travail. Notre régime de pensions ne restera soutenable à
l’avenir que si nous intégrons d’une manière ou d’une autre
cette espérance de vie accrue dans le calcul des pensions.
Commentaire N.D.C : Rappelons que l'on
travaille pour vivre et pas l'inverse, et que nous ne voyons
pas en quoi il est choquant de vouloir profiter d'une fin de
vie de qualité après une carrière pour beaucoup peu épanouissante!
De plus ne négligeons pas le poids économique des seniors! Sans
compter le fait qu'à la moindre occasion, le moindre patron
se défait de ses "vieux"... Faut réfléchir avant de parler!
3. Nous souhaitons continuer à
appliquer au principal poste de la sécurité sociale, à
savoir l’assurance maladie (22 milliards EUR/an !), une norme
de croissance de 4,5% par an, et ce alors que l’économie connaîtra
cette année une croissance négative de l’ordre de 4% et, dans
le meilleur des cas, une croissance nulle en 2010.
C'est un brin démago, mais à qui la faute?
Tout cet argent public engouffré dans les entreprises financières
parce que quelques-uns, il y'a un an encor, voulaient toujours
faire plus avec rien et surtout que les autorités ne s'en mêlent
pas! Maintenant les banques sont sauvées, heureusement pour
les petits épargnants que nous sommes, mais dans un monde idéal
cet argent n'eut-il pas été mieux utilisé pour construire des
écoles, crèches, hôpitaux etc... Oui, tôt ou tard, les entreprises
qui en ont bénéficié devront rendre la monnaie de leur pièce
afin de soutenir la construction de la société que nous voulons!
4. Les autres allocations bénéficient
d’une liaison au bien-être, sur la base d’une augmentation
annuelle de la productivité dans le secteur privé de 1,75%.
Or, actuellement, celle-ci ne dépasse pas 1,25% au mieux.
Dèss lors, les revenus des travailleurs croîtront moins vite
que ceux des allocataires sociaux.
Commentaire N.D.C : C'est
partiellement faux, et uniquement après des années d'écart croissant
de manière scandaleuses!
Une autre solution consiste en une lutte contre
la fraude fiscale ET sociale. Nous sommes en faveur d’une politique
de tolérance zéro dans ce domaine, mais en traitant en parallèle
tous les facteurs qui encouragent cette fraude.
Commentaire N.D.C : On
n’a jamais dit le contraire, mais ce n'est pas en supprimant
les impôts des riches et les allocations des pauvres que l'on
va y arriver (démago mais j'assume, en même temps, c'est tellement
facile!) Mais là aussi, restons réalistes : il est utopique
de croire que cela permettrait de combler les déficits. Pas
sur de un, et de deux ce qu'il appelle un déficit je le rebaptise
un surplus de bien être social!La FEB est prête à prendre
ses responsabilités et à prendre part à la recherche de
changements structurels visant à rendre la sécurité sociale
payable à terme. Les chiffres indiquent qu’il faut adapter structurellement
le rythme des dépenses à l’assise de notre économie. Vouloir
le contraire relève du rêve. De l'audace et de l'ambition, notre
avenir le mérite!
Commentaire N.D.C. : Ouf, j'ai failli croire
le contraire Piet!!!
Source pour la FEB http://www.vbo-feb.be/index.html?vmininews=1&id=835
Bulletin
N°50
Coup
d'oeil dans le retroviseur
C'est
en novembre 2000 que le bulletin renaissait de ses cendres,
en quelque sorte. Depuis la naissance de la Fondation, il était,
certes, sorti de presse mais de manière très irrégulière. Avec
ce premier numéro, nouvelle série, il prenait en outre une orientation
différente de celle du passé; en effet, il se voulait coller
au plus près à l'actualité politique et sociale, s'inscrivant
ainsi, en toute modestie, dans les pas d'Elie BAUSSART lorsqu'il
eut l'idée de créer La Terre Wallonne.
Coup
d'œil dans le rétroviseur en sorte de se rappeler ce qui s'est
passé au cours de ces presque dix années, non pas par souci
de nostalgie mais parce le passé peut et doit parfois nous éclairer
sur les enjeux d'aujourd'hui.
Dans
le numéro 2 de janvier 2001, nous reprenions cette citation
d'Elie BAUSSART: « Parfois, un rocher considérable, miné
par un lent et invisible travail, s'effondre, mais la physionomie
de la montagne n'en est pas changée ». Il évoquait le modèle
de société capitaliste. En 2008, force était de constater que
ce modèle de société était toujours bien présent avec la crise
bancaire, qui est aussi, quoiqu'en dis d'aucuns, une crise du
capitalisme et du néo-libéralisme.
A
plusieurs moments, nous avons évoqué les problèmes institutionnels.
Ils sont toujours bien présents, eux aussi,
et la polémique autour de BHV n'en est qu'un soubresaut
parmi d'autres. La conscience wallonne a-t-elle progressé depuis?
En mai 2006, dans le numéro 30, nous évoquions un essai de constitution
wallonne peu révolutionnaire en soi mais ayant déclenché l'ire
des médias francophones que l'on sait dominés par Bruxelles,
En janvier 2007, nous stigmatisions les réactions de DI RUPO
et de MILQUET suite à l'émission-fiction de la RTBF sur l'éclatement
de la Belgique. Force est de constater qu'on s'est un peu plus
encore rapproché de cet éclatement qui n'est sans doute pour
nous déplaire mais que les tergiversations de certains belgicains,
tous partis confondus, ne font finalement que retarder et placer
la Wallonie dans une position inconfortable en vue des négociations
futures.
En
mars 2001, nous évoquions le refinancement des Communautés et
donc de l'école et le souhait d'une régionalisation de l'enseignement.
Celle-ci est dans les faits réalisée en cette fin 2009: la Région
wallonne a quasi main-mise sur la Communauté française touchée
de plein fouet par la crise, Bruxelles étant exsangue financièrement
parlant. Le gouvernement wallon et communautaire sont en outre
fusionnés. On parle, à présent, de Fédération Wallonie-Bruxelles.
A
plusieurs reprises aussi nous avons traité d' un sujet cher
à Elie BAUSSART, celui de la paix dans le monde. Force est de
constater que celle-ci est loin d'être une réalité partout dans
le monde. Citons la Palestine, l'Afghanistan, l'Irak, les pays
des Lacs en Afrique, … sans oublier l'Iran et son refus de se
soumettre vraiment au contrôle international en matière d'énergie
atomique.
Plus
que jamais donc, et c'est le bilan que nous pouvons faire de
ces cinquante numéros, plus que jamais la pensée d'Elie BAUSSART
continue d'interpeler les femmes et les hommes de ce temps et
se révèle très actuelle quand bien même les conditions socio
et politico-économiques ont changé.
Nous
ne pourrons donc que poursuivre dans la voie que nous nous sommes
tracée lors de la création de la Fondation : être un endroit
où des hommes de tous horizons cherchent ensemble des pistes
de réflexion et d'action pour la Wallonie, la paix et une société
plus juste.
C'est
en tout cas les vœux que nous formulons au seuil de l'année
2010 et puissions-nous nous retrouver pour le 100 ème numéro.
B.
DE COMMER.
Tribune
libre:
FDF
et Wallonie
Le
FDF veut s'implanter en Wallonie. Chantal Kesteloot énumère
plusieurs tentatives antérieures du FDF en Wallonie (1) :
en 1979, (liste commune avec le Rassemblent
wallon [RW], aux européennes
de juin 1979). En 1984 (présentation en Wallonie d’une
liste FDF qui fut un échec). Puis le lancement de Pari
Pour la Wallonie (PPW),
qui obtint
1% des
voix. Tentative de refondation du FDF en
en 19911993 avec une aile wallonne et bruxelloise à travers
SUD qui fut suivie de l’offre d’une fédération avec le PRL proposée
par Jean Gol. La situation actuelle avec 40%
des mandataires FDF
au MR à Bruxelles.
En
1979, Antoinette Spaak obtient 117.000 voix de préférence
pour la Wallonie et Bruxelles. Les principaux responsables du
FDF veulent la fusion du FDF et du RW, alors qu'avant ils étaient
distincts, ce qui supposait une délimitation des deux
régions (2). Lors du Conseil régional du RW en septembre 1981
à Namur, Paul-Henry Gendebien comprend qu’une faible majorité
des membres du Conseil va se prononcer en faveur de la fusion
(prélude à la fusion Communauté/Région). (3) Il quitte
le RW. Celui-ci meurt de sa belle mort, mais ses militants et
mandataires rallient surtout le PS lui donnant une orientation
régionaliste qui jouera un rôle important. Le Manifeste
pour la culture wallonne est
promu par Jacques Dubois, Michel Quévit, Jean Louvet,
Jean-Jacques Andrien et moi-même le
15 septembre 1983. C'était la première manifestation collective
de tout rejet de fusion Communauté/Région. En 1987, se réunit
à Charleroi, à l’Hôtel de Ville, le plus grand des Congrès wallons
jamais organisés . Le Manifeste de 83 fit pencher la balance
en faveur du régionalisme comme aussi l’influence du rapporteur
scientifique, le Professeur Quévit. Au congrès de Wallonie
Région d’Europe, présidé
par José Happart, à
Ottignies, le 31 mars 1990 une Commission réunie le matin sur
les questions institutionnelle proposa (à une voix de majorité),
que le Congrès se prononce sur la suppression de la Communauté.
En assemblée générale, la suppression l'emporta.
A
la XVI
Bulletin N°59
Finissons-en
C’est en ces termes que François PERIN,
nonante ans, mais toujours le verbe aussi décoiffant,
s’exprimait le 6 août dernier dans LE SOIR à
propos de la reprise programmée des négociations
fédérales.
Le problème, pour lui, ce n’est pas tellement ces négociations,
sans doute entamées au moment de mettre sous presse
le présent bulletin de l’A.S.B.L, mais cet entêtement
des « bons Belges » - en fait essentiellement
« la masse de l’opinion publique francophone »-
à s’attacher à l’idée de Belgique. Et
de stigmatiser la « folie » d’ un Francis DELPEREE
et sa « Belgique résiduaire avec tout : la Constitution,
les institutions, la famille royale, le Roi », en cas
de scission de la Flandre.
Il rappellera par ailleurs comment est née la Belgique.
En 1830, le « Congrès national belge »
élu lors de la Révolution de novembre, le fut
par 2% de la population. Ce Congrès se cherche un monarque
et jette son dévolu sur un prince français.
Refus de l’Angleterre, qui impose quasi son candidat, Léopold
de Saxe-Cobourg. La Belgique est donc un artifice, et il n’y
a pas de nation belge.
Il y a, par contre, déjà une nation flamande
qui trouvera à s’exprimer progressivement avec le suffrage
universel à partir de 191
Mais pas de nation wallonne. Alain PEYREFITTE dans «
C’était de Gaulle » (Editions Fallois-Fayard
en 2000) rapportera des entretiens avec le Général
de Gaulle.
Ce dernier aurait déclaré : « La Wallonie
existe, mais il n’y a pas de nation wallonne, les Wallons
n’ont jamais cherché à devenir un Etat. Ils
demandent à être intégrés au sein
de la République française, dont ils ont déjà
fait partie ».
Et PERIN d’estimer que la Wallonie n’a pas d’autre issue que
de rejoindre graduellement la France. Quant à Bruxelles,
elle doit s’organiser en ville internationale. Sans qu’il
le dise explicitement, en district européen.
Le nationalisme flamand, conclut-il, « ne s’arrêtera
jamais ». Autrement dit, à terme, et peu à
peu la Belgique fédérale est condamnée
à disparaître. Ce qui se fait aujourd’hui, via
DI RUPO, c’est un emplâtre sur une jambe de bois.
Beaucoup d’entre nous, dans l’A.S.B.L, ne sommes pas loin
de penser que, effectivement, mieux vaut en finir au plus
vite. Reste à savoir pourquoi faire ?
A mon sens, c’est là que doit se porter le débat
wallon.
Bernard DE COMMER
Bulletin N°60
Quand
les piliers se rappellent à notre bon souvenir
Dans Le Monde Diplomatique, il
y a dix ans tout juste, Serge GOVAERT écrivait ; «
Pour les politologues, la Belgique offre un des exemples les
plus aboutis d’un phénomène qu’à la suite
d’analystes venus des Pays-Bas on a appelé le verzuiling
- ou « pilarisation ». Le mot est forgé
sur le vocable néerlandais zuil (colonne ou pilier).
Le pilier, c’est ce qui soutient, mais aussi ce qui sépare.
Dans plusieurs pays d’Europe, dont la Belgique, les «
piliers » se sont constitués en agrégeant
autour d’une idéologie commune des associations culturelles,
économiques, sociales, politiques - voire religieuses
et éducatives ».
De fait, et ces piliers ont trouvé
à s’illustrer tout au long de la crise politique qui
a débuté en réalité au lendemain
des élections du 13 juin 2010. Se sont succédés
à la barre : Bart De Wever (informateur), Elio Di Rupo
(préformateur), André Flahaut et Danny Pieters
(médiateurs), Bart De Wever (clarificateur), Johan
Vande Lanotte (médiateur), Didier Reynders (informateur),
Wouter Beke (négociateur) et, enfin, Elio Di Rupo comme
formateur. Excusez du peu…
Tout au long de ces tractations politiques, pour appeler les
choses par leur nom, les piliers Nord et Sud ont trouvé
largement à s’exprimer sur la problématique
de BHV entre autres et sur la réforme de l’Etat.
A présent, et depuis quelques semaines, ce sont les
piliers Gauche et Droite qui font entendre leurs voix. Dans
un contexte économico-financier mondial et européen
difficile, il s’impose (en tout cas, c’est ce que l’on nous
serine) que le budget fédéral et ceux des entités
fédérées 2012 se rapprochent de l’équilibre.
Concrètement, au niveau fédéral, il faudrait
trouver quelque 12 milliards. A gauche, pour faire court,
on veut accroître les impôts sur les plus riches,
à droite on met en avant la nécessité
de baisser de 5% les dépenses de l’Etat. Ici aussi,
les piliers Nord et Sud s’insinuent dans le débat :
le MR, par exemple, est moins ultralibéral que son
voisin flamand l’Open Vld et le cdH plus à gauche que
le CD&V. Et quand l’Open Vld refuse de poursuivre la négociation
le 21 novembre, son cousin du sud n’a pas assez de mots d’oiseaux
pour qualifier cette attitude.
Encore heureux que les piliers Chrétien et Laïc
ne se soient pas manifestés !
Au moment de mettre un point final au présent éditorial,
Elio Di Rupo sort de chez le Roi où il est allé
présenter sa démission, pour l’heure non acceptée
encore. Nous sommes le 21 novembre 2011. Une valse-hésitation
du formateur, qui finalement reprend les négociations.
Et le 26, un accord est enfin trouvé. Mais déjà
la F.E.B récrimine quant au maintien, par exemple,
de l’indexation automatique.
Nos lecteurs et sympathisants, d’ici à la trêve
des confiseurs , auront encore de quoi alimenter leur quotidien,
nous n’avons aucun doute à ce propos.
Et tant qu’à parler de cette trêve, qu’il nous
soit permis de présenter à toutes et à
tous nos vœux les meilleurs pour 2012.
Bernard DE COMMER.
|